Hier, le secteur du transport des voyageurs urbain et interurbain a connu une forte perturbation avec la décision du syndicat des transporteurs d'augmenter de 5 DA le prix des billets et la réaction des usagers ne s'est pas fait attendre. Comme si elles répondaient à un mot d'ordre, les populations de plusieurs cités de la commune chef-lieu de wilaya et celles de la banlieue ont pris possession de la voie publique. Particulièrement celles habitant les localités limitrophes qui ont dressé des objets hétéroclites et incendié des pneus. Des centaines d'hommes, femmes, travailleurs, écoliers et étudiants ont occupé les grandes routes de Berrahal (Constantine-Annaba), El Hadjar (Annaba-Guelma), Sidi Salem (Annaba-Tarf). La virulence des propos, des comportements et des réactions des manifestants, qui ont également bloqué la voie ferrée Annaba-Constantine à hauteur du lieu dit Oued Nil, n'avait d'égale que leur volonté d'en découdre avec les transporteurs. Particulièrement dans les localités de Hadjar Dis, Echabia, 8 Mai 45, Kharaza Oued Zied et autres agglomérations où des automobilistes et des routiers ont vu leurs phares brisés ou leur véhicule détérioré par des jets de pierres. Dans ces mêmes localités, plusieurs écoles du primaire et du moyen ont maintenu leurs portes fermées. Faute de moyens de transport, des étudiants et des travailleurs n'ont pu rejoindre leur établissement ou lieu de travail respectif. Déclenché dès les premières heures de la journée, le mouvement de colère s'était amplifié avec des risques réels d'émeutes. Il a fallu un grand tact des gendarmes, dans leur approche de la situation, pour éviter le pire. Dépêchés sur les lieux pour les besoins de leur mission d'informer, des représentants de la presse n'ont dû leur salut qu'à une fuite face aux vociférations et tentatives d'agression dont ils ont été victimes.« Notre misère n'intéresse personne. S'il faut verser le sang pour faire entendre notre voix, nous le ferons. Nous en avons assez d'être considérés comme des sous-citoyens tout juste bons pour voter. Il n'y a pas que cette augmentation du prix du bus que nous contestons et contre laquelle nous nous opposerons de toutes nos forces. Il y a également cette politique du deux poids deux mesures appliquée par le wali. Il semble oublier qu'il n'y a pas uniquement les communes chefs-lieux de daïra qui vivent la crise du logement et le chômage », criaient plusieurs jeunes manifestants au visage peint en noir ou cagoulés apparemment prêts à l'affrontement avec les gendarmes. Dans la commune chef-lieu de wilaya où plusieurs transporteurs, dont la nouvelle Entreprise des transports de Annaba (ETA), n'ont pas appliqué le nouveau prix, la situation était moins tendue. Tout en condamnant ce qu'ils ont qualifié de rapacité des transporteurs, des citoyens ont préféré faire le trajet à pied en signe de protestation. « Les dessertes que nous assurons ne sont pas longues et les 10 DA nous suffisent amplement à amortir tous les frais avec des bénéfices substantiels. Le syndicat des transports devrait commencer par balayer devant sa propre porte avant de réclamer une quelconque majoration. Qu'il appelle ses adhérents à une meilleure prestation de service en assurant aux chauffeurs et receveurs des salaires à la mesure des 12 heures de travail exigées et non en les exploitant sans vergogne. Cet aspect doit être pris en charge par la direction du transport et l'inspection du travail », a déclaré un transporteur assurant la desserte Annaba-Kharaza. Durant toute la journée d'hier, le directeur du transport était injoignable.