Le PT remet en cause l'encadrement de ces élections et exige son changement. Louisa Hanoune, leader du Parti des travailleurs (PT), accuse l'administration de recourir à la fraude et ce, en faisant pression sur les corps constitués. Des militaires, avance-t-elle, ont été contraints de voter, lors des précédents scrutins, pour les partis de l'Alliance sur ordre venu d'«en haut». «Nous avons la preuve de ce que nous avançons. Nous avons les témoignages des agents qui confirment nos propos», a indiqué Mme Hanoune lors d'une conférence de presse animée, hier, au siège du parti. D'après elle, l'administration utilise un subterfuge des plus indignes pour vérifier si les militaires ont respecté les ordres. «Il est exigé d'eux de présenter les bulletins restants à l'administration, ce qui est inadmissible», déplore l'oratrice. Transition toute faite, Louisa Hanoune fustige le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, qui a rejeté les propositions de la Commission nationale de surveillance des élections législatives (CNSL) relatives au bulletin unique et celle de porter la photo des chefs de parti sur les bulletins de vote. «Si l'administration avait opté pour le bulletin unique au lieu de 40 bulletins, on aurait minimisé le phénomène de fraude. La photo est une autre manière d'identifier le parti et de diminuer la confusion, notamment en ce moment où il y a une multiplication de partis politiques», a déclaré Mme Hanoune, avant de demander à Ould Kablia d'arrêter de mettre des obstacles et des entraves aux partis en course pour le scrutin du 10 mai prochain. Le PT remet également en cause l'encadrement de ces élections et exige son changement : «Trouvez-vous normal que les personnes ayant participé à la fraude de 2007 soient reconduites pour encadrer les élections aujourd'hui ?» Et de revendiquer plus loin un contrôle rigoureux sur le financement des campagnes des uns et des autres. Mme Hanoune qualifie, par ailleurs, le prochain scrutin de «décisif» et justifie le recours au serment prêté par les candidats du PT. Il s'agit là, précise l'oratrice, «d'un acte moral et politique. Une démarche qui s'inscrit à contre-courant de la décomposition qui existe en Algérie». Le PT sollicite l'intervention du chef de l'Etat pour mettre fin à l'incompatibilité du mandat, regrettant, à cet effet, que beaucoup de listes de candidats représentent des intérêts privés et individuels. Sur un autre chapitre, Louisa Hanoune s'est attaquée à Amara Benyounès, chef de file de l'UDR : «A mon avis, ce monsieur n'a rien compris», lance-t-elle, accusant Benyounès «de défendre des intérêts étrangers, plus particulièrement les multinationales. M. Benyounès est en faveur de la normalisation des relations avec Israël et pour le projet du GMO tant défendu par les USA. En ce qui nous concerne, nous sommes partis à Sant'Egidio pour défendre la souveraineté nationale». Mme Hanoune n'a pas ménagé non plus le Forum des chefs d'entreprises (FCE) : «Le FCE veut jouer le rôle du Medef en France. Le FCE n'est pas l'Etat et n'a pas à se substituer à l'Etat. Les orientations du FCE et ses 50 propositions ne profitent pas au simple citoyen.»