La violence dans les stades et la corruption dans le football ravagent encore l'image du football algérien. Ces deux fléaux, jamais combattus sérieusement, s'invitent dans le débat chaque saison et plus particulièrement aux moments où se jouent le titre et la relégation. Ils ont de beaux jours devant eux, tant il n'existe aucune véritable volonté de les éradiquer. Ils sont indissociables. Leur matrice est commune. Le recours effréné aux moyens que la morale sportive réprouve. Intimidations, agressions, corruption, arrangement de résultats de matches font partie de la panoplie à laquelle ont recours les fossoyeurs du football pour assouvir leurs desseins. L'épisode des caméras de l'ENTV balancées des tribunes du stade du 5-Juillet a suscité un tollé général, alors que la mort d'un jeune supporter, sur les mêmes lieux il y a quelques mois, est passée sous silence. Quel est l'événement le plus dramatique, la mort dans le stade d'une personne ou la détérioration d'une caméra ? Ceux qui ont privilégié le second cas par rapport au premier ont accordé une prime d'encouragement aux casseurs qui profiteront de l'impunité pour semer l'horreur dans nos stades. Il ne se passe plus une journée de championnat ou de coupe sans que des incidents soient signalés. La corruption est l'autre visage hideux du football algérien. Elle est pratiquée à grande échelle et à tous les niveaux et paliers du ballon rond. C'est le sport national par excellence. Elle n'arrête pas de prospérer à l'ombre de l'impunité que lui garantissent tous ses traitants et sous-traitants. Ce grave délit n'existerait pas sans les complicités de tous ceux qui trouvent leur compte dans ce système mafieux qui entache les principes sur lesquels repose le socle du sport en général et le football en particulier. La réglementation en football doit s'adapter à la législation dans le domaine de la lutte contre la corruption. Sur le moindre soupçon de corruption doivent se déclencher les enquêtes pour couper la route à cette gangrène qui finira par emporter le football si on lui laisse le champ libre. Depuis des années, au su et au vu de tout le monde, des matches, joueurs, arbitres, dirigeants s'achètent dans un climat qui ferait pâlir de jalousie la maffia sicilienne. Tout est faussé de haut en bas, de long en large. Il n'y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir la réalité en face et plus sourd que celui qui ne veut pas entendre la vérité. La lutte contre la violence dans les stades et la corruption dans le football est l'enjeu principal et le défi qu'il faut absolument relever pour nous réconcilier avec les vraies valeurs de ce sport.