En l'absence d'une action de la part des pouvoirs publics, des opportunistes continuent de sévir en toute impunité. La cimenterie Djouad Tahar, sise à Hamma Bouziane, est à l'arrêt à cause d'une panne technique survenue il y a quelques jours au niveau de la chaîne des wagonnets transportant les agrégats depuis la carrière limitrophe de l'usine. Cette immobilisation précipitée, car sur les tablettes des cadres dirigeants un arrêt était prévu à la fin du mois en cours en prévision des opérations d'entretien des équipements, à créé une véritable perturbation du marché du ciment à Constantine, à tel point que le sac de ce matériau, initialement vendu à 280 DA, est cédé à plus de 900, voire à 1000 DA. La spéculation a donc pris le relais, mais encore elle a pris en otage beaucoup d'entrepreneurs qui, coincés par les délais de réalisation de leur projets, ne savent plus quoi faire. Ceux que nous avons approchés restent sidérés par la tournure que prennent les choses et ne s'expliquent pas une telle augmentation, dans un laps de temps aussi court, et ce au vu et au su des pouvoirs publics et des responsables censés veiller à la régulation du marché et à réagir avec fermeté contre la spéculation et les opportunistes qui profitent de la situation dans une impunité totale. Un entrepreneur en bâtiment nous affirme: «A ce rythme, et si il n'y a pas une intervention ferme pour rétablir le marché, le sac de ciment dépassera les 1 500 DA». C'est dire que la situation est donc grave et elle risque même d'empirer si rien n'est fait dans les jours qui viennent. En effet, il faut savoir que malgré la capacité de production de la cimenterie de Hamma Bouziane (3000 t/j) et celle de quatre autres cimenteries privées (environ 4 millions de tonnes), la production régionale reste déficitaire de presque 2 millions de tonnes. En outre, à elles seules, les grandes entreprises du bâtiment des trois wilayas, Constantine, Jijel et Mila, absorbent presque la totalité de la production la cimenterie de Hamma Bouziane. Les consommateurs de moindre gabarit et les petits promoteurs des trois villes citées, se partagent la maigre quantité de 1 200 t, et ce sont surtout eux qui ressentent durement le dictat des affairistes et des spéculateurs. Avec cet arrêt forcé qui dure depuis plusieurs jours, la forte tension qui existait déjà sur le marché du ciment est encore renforcée et les prix vont d'avantage prendre des courbes vertigineuses qui mettront à mal la cadence de réalisation des programmes de construction, notamment le logement, et, par ricochet, infléchiront le rythme du développement dans la région.