La campagne électorale n'alimente plus l'actualité dans la wilaya de Tamanrasset, qui semble plutôt préoccupée par l'instabilité sécuritaire qui prévaut à quelques centaines de kilomètres de la frontière. Une situation parmi tant d'autres qui révèle clairement l'échec et le discrédit de certains députés qui sont encore proposés en tête de liste de candidature aux législatives du 10 mai prochain. Des candidats qui s'arrogent le droit de s'approprier les prouesses de l'Etat et les grands projets réalisés dans la capitale de Tin Hinan pour donner plus de crédit à leur boniment déjà poussé à l'extrême fadeur. Les habitants de l'Ahaggar sont conscients de cela ; ils ne sont guère charmés par les listes affichées. Pis, ils sont entièrement désintéressés des mornes meetings animés par les formations en lice. «On ne veut plus se laisser prendre par les supercheries de ces partis politiques. Une fois le billet d'accès à l'hémicycle de l'APN décroché, les députés, comme à l'accoutumée, nous tournent carrément le dos et dérogent aux traditions de la région en optant pour un nouveau look, se parant de beaux costumes qui leur font oublier les us de leurs ancêtres», regrette Mohamed, un quadragénaire rencontré au centre-ville. «Ils ont fait quoi lors des derniers mandats ? Qu'ont-ils apporté aux jeunes de cette ville en proie à tous les fléaux sociaux ? La contrebande, le trafic de drogue, les vols ont atteint des seuils alarmants dans cette ville autrefois connue pour sa quiétude et sa sérénité. Ils étaient où, ces députés, quand les jeunes ont investi la rue pour réclamer leurs droits les plus légitimes, un logement décent et un emploi permanent ? Des questions auxquelles on n'a jamais eu de réponse. Aujourd'hui, ils se maquillent la face et s'amusent à présenter des programmes confectionnés sans tenir compte des aspirations de la population. Inconcevable», ajoute-t-il. Abderrahmane, quant à lui, est tout à fait contre les discours démagogiques distillés à chaque opportunité politique. «Nous n'avons plus besoin qu'on nous fasse un rappel des projets réalisés pour faire campagne. Le monde entier sait que Tamanrasset est alimentée en eau potable depuis In Salah sur 750 km. On sait aussi que plusieurs localités ont été désenclavées et des routes bitumées. Mais il serait bien de voir aussi la partie cachée de l'iceberg, d'établir un compte rendu exhaustif qui mentionne le délabrement du maillage routier ou encore de l'insalubrité ambiante faisant partie du décor de la ville. Les jeunes sont livrés à eux-mêmes et caressent désespérément le rêve de trouver un emploi pour pouvoir fonder un foyer. Les députés savent-ils pendant combien de mois le secteur sanitaire était sans directeur ? Ont-ils connaissance des jeunes promoteurs ayant bénéficié d'un microcrédit et qui se retrouvent actuellement devant le juge ? Bien sûr que non, puisqu'ils n'apparaissent que lors des visites des officiels. Je ne veux parler ni de boycott ni d'abstention pour le moment. Mais je tiens à vous confirmer que ce scrutin n'augure rien de bon», a-t-il dit. A Tamanrasset comme dans plusieurs wilayas du pays, les habitants sont convaincus de voter uniquement pour exaucer la volonté du président de la République, quitte à mettre un bulletin nul dans l'urne que d'ouvrir une brèche aux conjectures d'abstention. Toutefois, les voies de la spéculation sont d'ores et déjà ouvertes par les partis politiques qui n'ont malheureusement pas jugé bon d'afficher leurs listes, faisant fi du code électoral. En effet, sur les 32 partis en lice, seuls 19 ont affiché leur liste de candidature et certaines sont entièrement lacérées, a-t-on constaté. A ce sujet, le président du Comité de surveillance des élections électorale de la wilaya, Hiballah Bamhammed, explique qu'«aucune requête faisant état de lacération d'affiches n'est parvenue au comité jusque-là. Pour ce qui est des formations qui n'ont pas fait part des listes de leurs candidats, je vous fais savoir qu'elles ont été appelées à se conformer dûment au régime électoral. Tous les moyens ont été mis en place pour que les élections dans cette wilaya, qui renferme un corps électoral de 113 325 électeurs, se déroulent dans de bonnes conditions. Les partis qui se disputent les 5 sièges à l'APN doivent impérativement respecter la loi.»