Le nouveau président de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (Laddh), Noreddine Benissad, estime que «les partis politiques n'évoquent pas dans leur programme les problématiques de fond», à savoir «la répartition de la richesse nationale, le phénomène de la harga et la protection des libertés». Intervenant lors d'une conférence de presse animée, hier à Alger, Me Benissad affirme que «la démocratie ne se résume pas à l'organisation d'élections». «Les partis politiques n'évoquent ni la liberté d'opinion, ni les libertés individuelles ou collectives, ni le droit de grève, ni celui de manifester pacifiquement», déplore-t-il. Plus explicite, le président de la Laddh soutient que «l'alternance au pouvoir, l'indépendance de la justice et la répartition des richesses nationales, ainsi que d'autres aspects, représentent le socle de la démocratie». Il rappelle, dans ce sens, les lignes fondatrices de la Ligue. «Nous ne sommes ni l'opposition ni une organisation de masse. Nous sommes une force de proposition. Notre mission s'articule autour de la protection et la promotion des droits de l'homme qui sont universels», précise-t-il. Tout en procédant à l'installation du bureau exécutif de la Laddh, Noreddine Benissad annonce la tenue en 2014 d'«un congrès de conformité et du congrès national, suite à l'adoption de la nouvelle loi sur les associations, approuvée par l'APN en janvier 2012». Dans la foulée, il déplore «le contenu des projets de loi votés en début d'année». Il constate «une régression en matière des droits de l'homme». Pour appuyer ses propos, il indique que «la loi sur les associations de 1990 était en avance par rapport à celles adoptées récemment». Pour Noreddine Benissad, «l'absence de mécanismes de régulation laisse penser qu'il y a une volonté de briser la société civile». Pourtant, poursuit-il, «elle demeure un organe d'intermédiation». Le conférencier regrette que «malgré la levée de l'état d'urgence, les mêmes pratiques de répression sont maintenues». Pour preuve, renchérit-il, «le militant de la Laddh, Abdelkader Kherba, a été arrêté le 18 avril et il est présentement incarcéré à Serkadji, alors qu'il ne manifestait que son soutien aux greffiers en grève». Par ailleurs, Noreddine Benissad a tenu à souligner que «le dossier des disparus ne peut être fermé». «On ne peut pas faire l'impasse sur la vérité et la justice. C'est en connaissant les causes que le pays peut avancer. Nous sommes contre l'amnistie», argue-t-il. Poursuivant, il appelle également à la réouverture du procès du jeune Mohamed Baba Nedjar : «Au vu de la tenue des audiences, nous sommes certains qu'il est innocent. Aucune preuve ne montre qu'il est coupable.» Ce jeune de Ghardaïa croupit en prison depuis plusieurs années. En 2005, il a été accusé du meurtre de Bazine Brahim, ancien militant du FFS dans la région de Ghardaïa. «Nous continuerons à dire qu'il a été poursuivi uniquement pour ses opinions politiques», affirme le président de la Laddh.