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La centrale syndicale reléguée aux seconds rôles
Le Président invité au 50e anniversaire de l'UGTA
Publié dans El Watan le 23 - 02 - 2006

Son intervention tient en haleine des millions de travailleurs actuellement éprouvés par la cherté de la vie.
Si la sortie du chef de l'Etat s'annonce décisive, notamment en ce qui concerne la question des salaires, elle renseigne aussi sur l'échec de la centrale syndicale dans sa mission qui consiste, avant tout, à prendre en charge les revendications pressantes des travailleurs. Fait patent ! Car, depuis 2003 et en dépit des innombrables concessions faites par sa direction nationale en faveur notamment des privatisations, l'UGTA est revenue bredouille des deux dernières tripartites. Ni augmentation des salaires ni suppression du controversé article 87-bis. Les rencontres cycliques tenues avec le gouvernement durant l'année 2005 n'ont abouti à aucune décision susceptible de mettre du baume au cœur des salariés. Le dossier de la fonction publique dont le problème des contractuels, la question des arriérés de salaires et celle des décisions de justice inappliquées en faveur des employés licenciés, différés d'une rencontre à une autre demeurent posés en des termes crus. S'y ajoute la question du salaire minimum national garanti, fixé en 2003 à 10 000 DA, alors que le prix des produits élémentaires, notamment l'électricité, le gaz et l'eau pour ne citer que ceux-ci, ont doublé, voire triplé. C'est dire dans quelles conditions survivent aujourd'hui les travailleurs dont la plupart perçoivent encore des mensualités égales ou inférieures à 12 000 DA. La litanie est encore longue. Un autre projet sur lequel s'est mise l'UGTA, à savoir le pacte national économique et social, qui devait être signé en septembre 2005 avec le gouvernement et le patronat, n'a pas encore vu le jour. Pacte qualifié pourtant par la centrale syndical de « puissant moyen de régulation » qui réduirait les déséquilibres et les inégalités sociales. Encore que le chef du gouvernement a refusé de supprimer l'article 87-bis, brandissant le risque de fermeture des entreprises publiques. Et voilà l'UGTA qui applaudissait. En janvier dernier, lors de la clôture de la session automnale du Parlement, le même chef du gouvernement a qualifié l'augmentation des salaires de « revendication illégitime », jetant ainsi un véritable discrédit sur la prochaine tripartite. Les travailleurs ont été ébranlés et scandalisés. Et l'UGTA s'est tue. Comble de l'ironie, la centrale syndicale a décrété une « trêve sociale » sans consulter sa base, justifiant sa décision par la maladie du président Bouteflika. Par cette « trêve », elle n'a fait qu'empêcher les travailleurs de se mêler de leurs affaires. La faillite de la maison UGTA s'est encore vérifiée lorsque de nombreuses sections syndicales, notamment celles de la zone industrielle de Rouiba, ont demandé clairement le départ de tous les membres de la direction actuelle dont le mandat a expiré. Les travailleurs ont compris définitivement que leur syndicat est complètement neutralisé et ne songent qu'à prendre leur destin en main, comme le font si bien les professeurs de l'éducation à travers les syndicats autonomes. Face à cette situation, l'idée de l'autonomie syndicale commence à germer au niveau de la base de l'UGTA. Dans la foulée, il y a un courant réformateur qui appelle à revoir les statuts et le mode de gestion de ce syndicat historique en vue de le préserver. Ce courant, qui obéit à des caprices de politiciens, veut exploiter cet échec comme arme en sa faveur lors du congrès qui se tiendra dans les prochains mois. Ainsi, le staff dirigeant est divisé et s'est jeté, comme à l'approche de chaque échéance, dans des batailles claniques en vue de prendre le contrôle de ce syndicat. Luttes qui se font, bien sûr, sur le dos des travailleurs. Ainsi, 50 ans après, le constat est amer. La centrale syndicale a complètement dévié de son combat syndical et se trouve actuellement dans l'incapacité de répondre aux aspirations de sa base militante. Son anniversaire qu'elle devrait fêter officiellement le 24 février (qui correspond à la date de sa création en 1956) ne sera qu'un moment de tristesse et de désolation pour l'ensemble des travailleurs qui peinent à joindre les deux bouts.
« L'action syndicale doit être plus visible »
Dans un message adressé aux travailleurs, la centrale syndicale a appelé à ce que l'action syndicale soit plus « visible » et exprime « des stratégies claires, réalisables et compréhensibles sur les aspects positifs et négatifs de la mondialisation et de ses pressions ». Demandant aux travailleurs de « l'entraîner pour son bien vers l'effort et la grandeur », elle souligne que « le mouvement syndical doit s'impliquer davantage dans le combat pour l'amélioration du système de santé, de l'éducation et du travail décent. Comme il doit s'investir pour la réduction de la pauvreté et l'augmentation constante du pouvoir d'achat de salariés et de leurs conditions de vie ». S'estimant qu'elle a fait des bons choix, elle dira qu'« il n'y a pas d'autres moyens de gagner notre vie décemment » que l'effort incessant, la discipline militante et la cohésion. Revenant sur le Pacte national économique et social, qui devait être signé en 2005, la centrale syndicale a indiqué qu'il s'agit d'« un puissant moyen de régulation, un élément majeur d'avenir de paix et de réduction des déséquilibres et des inégalités ». Elle estime qu'il s'agit aussi d'un processus qui doit s'affirmer « pour faire face à la mondialisation et ses conséquences ».


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