Le ministre du Travail et de la Protection sociale a fait un tour d'horizon complet des dossiers de son secteur. M. Tayeb Louh, dans une prestation télévisée, a été à la fois le pédagogue, l'administrateur, le magistrat, le syndicaliste et bien sûr, le ministre. Invité hier du Forum hebdomadaire de l'ENTV, le responsable du département du travail et de la protection sociale a usé de toutes ses facettes devant un aréopage de journalistes, de responsables syndicaux et de représentants d'association. Cette rencontre a été une occasion pour passer en revue les dossiers de l'heure qui touchent le monde du travail et la sécurité sociale ainsi que les perspectives de modernisation du secteur à moyen et long terme. Le nouveau projet de loi sur le travail. Le ministre indiquera qu'une nouvelle loi sur le travail est en préparation. “Celle-ci sera adaptée à la fois à l'évolution économique et sera en adéquation avec la lutte contre le chômage et les conventions de branche”, a-t-il déclaré. Dans ce cadre, un nouveau dispositif de soutien à l'emploi est en cours, qui prévoit une réduction des charges sociales “chaque fois qu'il y a création d'emplois”. D'autres avantages seront accordés aux jeunes investisseurs et aux opérateurs exerçant dans les hauts-plateaux et dans le Sud. “La nouvelle loi en préparation va élargir la base cotisante de la sécurité sociale (…) Le gouvernement est le premier à protéger le système de Sécurité sociale, car cela concerne la stabilité de la société”, a soutenu M. Louh. Interrogé sur le devenir des contrats à durée déterminée (CDD), le ministre a éludé la question, s'en tenant à un argumentaire économique dans un contexte globalisant. Modernisation du système de Sécurité sociale. L'invité du forum a annoncé le lancement d'une opération pilote de la carte magnétique en 2007, qui touchera 5 wilayas, et qui sera élargie “progressivement” aux autres régions du pays. Le coût global de l'opération s'élèvera à 16 millions d'euros. “Cette opération vise la transparence, la maîtrise des fonds de la sécurité sociale et une meilleure prestation des services”. Le ministre a, en outre, annoncé la préparation prochaine d'une carte nationale de filiation à la sécurité sociale “avec un seul numéro à l'échelle nationale” ainsi qu'une prochaine réforme touchant l'administration qui permettrait la circulation des dossiers vers l'administration d'accueil “sans que l'assuré fasse lui-même la démarche”. Soulignons que le ministre a insisté sur le rétablissement de la relation entre la tutelle et les différentes caisses de sécurité sociale, sans omettre de faire cas de 195 agents traduits devant la justice pour infractions à la faveur d'un travail de contrôle de la part de la centrale. “Notre but n'est pas de jeter des gens en prison, l'essentiel est d'inculquer la culture du contrôle dans notre pays”. Réforme de l'Inspection du travail. Selon le ministre, 1,7 milliard de DA a été injecté pour la modernisation de l'Inspection du travail et l'amélioration des moyens de transport devant assurer une plus grande mobilité aux inspecteurs, désormais valorisés, et leur permettre de s'acquitter de leur mission de contrôle, en multipliant les interventions sur les lieux de travail. Après la mise en application de la nouvelle organisation de l'Inspection du travail au niveau de toutes les wilayas du pays, le ministère a doté, il y a un an, les régions du sud d'un parc de 10 véhicules 4x4. Pratique de la culture syndicale. “Aucun syndicat ne peut arriver à la satisfaction de ses revendications, s'il ne privilégie pas le dialogue en s'évertuant à convaincre les autres partenaires. Cela exige du temps”. Telle est l'ordonnance de l'“ex-syndicaliste”, ancien président du Syndicat national des magistrats. Questionné sur son rapport avec les syndicats autonomes, il insistera sur le volet formation des syndicalistes et la nécessité du développement de la culture syndicale et de la promotion de l'Etat de droit dans la société. Concernant le règlement des conflits entre employeurs et syndicats, le ministre a déclaré que “depuis deux ou trois ans, le gouvernement renvoie les deux parties au niveau de la justice, seule autorité habilitée à trancher”. Au grief fait régulièrement au gouvernement de privilégier l'UGTA dans le dialogue social, au détriment de la cinquantaine de syndicats agréés, Tayeb Louh a révélé : “L'UGTA est actuellement la seule organisation syndicale ayant une représentation nationale”, avant d'ajouter : “Il faut qu'il y ait une organisation syndicale d'envergure nationale.” L'intervenant a aussi souligné que son département invite “une fois par an au moins” les syndicats agréés sur sa propre demande afin d'échanger des avis. S'agissant du refus d'accorder l'agrément à certains syndicats, il a répondu : “On ne refuse à aucun syndicat ou collectif de travailleurs un agrément tant qu'il se conforme à la loi. Si les concernés se sentent lésés, ils peuvent toujours recourir à la justice. Son verdict sera respecté. C'est le principe que nous défendons.” Réintégration des travailleurs licenciés. M. Louh a abordé aussi la question des travailleurs licenciés pour des actes liés au terrorisme en indiquant que leur sort est confié à une commission chargée de l'application des dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale : leur réintégration ou leur indemnisation. Quant aux travailleurs licenciés ayant fait l'objet d'une réintégration par décision de justice, il a rappelé le principe en vigueur, à savoir le choix laissé à l'employeur de le reprendre ou de l'indemniser. Chômage et lutte contre la main-d'œuvre illégale. Le taux de chômage en Algérie est de 15,3%, selon l'orateur. Ce dernier prévoit sa baisse au-dessous de la barre des 10% en 2009. D'ailleurs, le ministre est optimiste : pour lui, l'Algérie sera “certainement un pôle économique important dans la région”. Une embellie qui ne manquera pas de nous attirer une main-d'œuvre illégale d'origine africaine notamment. D'où la préparation, par son département, d'une loi pour freiner ce phénomène. Dossier des salaires à la prochaine tripartite. “Le pouvoir d'achat et la question des salaires feront l'objet du débat de la prochaine tripartite. Il s'agira de trouver un équilibre entre les aspirations sociales et les contraintes économiques. Il y aura sans aucun doute des mesures en faveur des travailleurs”. Hafida Ameyar et M. Benfodil