Il est question de «mesures préventives» mais aucun délai n'a été précisé, au grand dam des habitants, gagné de plus en plus à l'idée de «se faire la malle…à la moindre opportunité». La région orientale de Béjaïa, mais tout particulièrement, la zone montagneuse et boisée de Taskriout, fait face à d'importants glissements de terrains, ayant déjà fait de nombreux dégâts. Routes déchaussées, arbres déracinés, champs bourrelets et des dizaines de maisons fissurées, distordues ou menaçant quasiment ruines : tels en sont les signes extérieurs les plus ostensibles, en effet, et dont la vision renseigne sur l'état de détresse et d'angoisse des populations qui y vivent, d'autant que les solutions pour y parer peine à se dessiner. «Nous n'arrivons plus à trouver le sommeil de crainte de nous réveiller le lendemain sous les décombres», se lamentera, récemment devant le ministre de l'habitat en visite dans la région, un citoyen dont la maison, bien que de construction récente, a subi des effets spectaculaires, et qui appréhende de la voire «partir en brioche» en un clin d'œil. Mouloud, n'en est pas le seul à vivre dans la peur, lui qui est considéré, relativement, comme un bien loti, comparativement à certains de ses voisins dispersés au pied des talus, entre Taregragt et Ait Ali Oumhendi, et qui ont déjà payer le prix fort. Six maisons s'y sont quasiment effondrées, et une quarantaine d'autres, durement éprouvées, selon l'APC de Taskriout qui se réjouit cependant qu'il n'y ait pas eu de victimes. «A chaque grosse intempérie, c'est le même scénario et le même spectacle de désolation qui s'installe. Mais celle de janvier dernier a été la plus éprouvante», relèvera, pour sa part, Rabah, qui s'étonne que la région ne soit pas déclarée zone sinistrée. Pour lui en tous cas, «il va falloir sérieusement penser à déplacer certaines familles vers des lieux plus cléments, si l'on veut éviter une catastrophe humaine à l'avenir». Et pour cause ! «Les mouvements du sol sont très importants. On en ressent fréquemment, les vibrations», affirmera-t-il, indiquant qu'en raison de la forte pluviométrie qui caractérise la région, l'eau complique manifestement la stabilité des terrains, déjà vulnérables, étant situé en pentes accentués. D'ou l'impératif de la prévention et qui «passe par la sécurisation et la protection des vies humaines», dira-t-il, soulignant que la région, notamment le mont Takoucht, qui regroupe plus de 3500 âmes, a été décrété, en 1949, «zone rouge», donc inconstructible, par les autorités coloniales, puis relayés par les techniciens algériens après l'indépendance qui ont abondé avec force dans ce sens. L'argument ? «Le site abrite un immense réservoir d'eaux souterraines, une eau stagnante qui forme un grand lac capable de se transformer en un véritable déluge, à la moindre fissure», selon un rapport écrit du comité de village d'Ait Ali Oumhend. Quoiqu'il en soit la situation est préoccupante, et a valu la visite du ministre de l'habitat sur les lieux. Visite, visiblement, qui n'a pas rassuré, M. Nourredine Moussa s'étant contenté de réaffirmer des «mesures préventives», déjà soumises à l'œuvre ailleurs, notamment dans la région d'Azazga (Tizi-Ouzou). Il est question en effet de reprendre en main les réseaux d'assainissement et d'AEP, pour éviter un surcroît de ruissellement ainsi que leur effets sur la saturation en eau des terrains, la construction de murs de soutènement pour conforter la stabilité des sols et la mise en place d'un système de surveillance de la zone. Mais aucun délai n'a été précisé, dans ce contexte, au grand dam des habitants, gagné de plus en plus à l'idée de «se faire la malle…à la moindre opportunité».