Sept cadres de la direction d'Algérie Télécom de la wilaya de Annaba, dont trois femmes, seront auditionnés à partir d'aujourd'hui par le magistrat instructeur près la première chambre du tribunal correctionnel de Annaba, apprend-on de sources judiciaires. Il s'agit de directeurs, de chefs de département et de service et d'une secrétaire qui ont été cités dans la rocambolesque affaire de Jean-Michel Baroche, un sexagénaire français, réalisateur de films pornographiques, écroué le 23 avril dernier avec un vice-président de l'APC de Annaba et candidat aux législatives de jeudi, un gynécologue et une fonctionnaire de la wilaya. Quatre autres spécialistes en gynécologie ont été placés sous contrôle judiciaire. La convocation par le juge d'instruction de ces sept cadres d'Algérie Télécom, cités dans l'affaire, n'est qu'un prélude à une longue liste d'attente composée de personnalités jusque-là insoupçonnables. Il a été établi, selon les enquêteurs, qu'elles sont toutes collées d'une manière comme d'une autre à la toile d'araignée savamment tendue par Jean-Michel Baroche, 67 ans, installé à Annaba depuis mars 2011. La majorité des mis en cause a été identifiée dans des vidéos alors qu'ils étaient en pleins ébats amoureux avec des jeunes filles mineures. Comme piège, le vieux Français gérait une agence de mannequins Glamour Arabian Talent à travers laquelle il attirait ses proies – des jeunes filles mineures – pour les exploiter dans la réalisation de films pornographiques. Et il ne lésinait pas sur les moyens puisqu'il a dépensé en un seul mois 96 000 euros, selon son historique bancaire de Société Générale Algérie. Lors de sa présentation devant la justice, après 6 jours de garde à vue, il était accompagné de 32 personnes, dont 18 jeunes filles mineures et 7 médecins – 5 gynécologues, un dentiste et un généraliste. Aux services de sécurité, il a fallu une filature de 8 mois pour confirmer le trafic du sexagénaire et établir la complicité avec le reste des inculpés. Les cinq gynécologues qui, selon les témoignages de Baroche et les filles victimes de sévices, sont accusés d'avoir procédé à des opérations d'avortement, de réparation de l'hymen ou encore d'avoir établi de faux certificats de virginité. Même le propriétaire et le gardien de la villa faisaient partie du lot des accusés ; les enquêteurs leur reprochent leur silence complice.