Ce sont 32 personnes, dont 18 jeunes filles mineures et 7 médecins (5 gynécologues, un dentiste et un généraliste), qui ont été présentées hier devant le procureur de la République près le tribunal de Annaba, a-t-on constaté sur place. Elles ont été citées dans la rocambolesque affaire du réalisateur français Jean-Michel B. (67 ans), installé depuis mars 2011 dans la wilaya. Il est le propriétaire de l'agence de mannequins Glamour Arabian Talent à travers laquelle il attirait ses proies – des jeunes filles mineures – pour les exploiter dans la réalisation de films pornographiques. C'est le magistrat de la première chambre du même tribunal qui s'est saisi de l'instruction du dossier, hier après-midi, pour démêler l'écheveau de cette rocambolesque affaire qui n'a pas livré tous ses secrets. D'autres personnalités, jusque-là insoupçonnables, faisaient partie des présumés accusés. Parmi elles, un vice-président de l'APC de Annaba, candidat FLN aux législatives 2012, et un imam. Elles ont été identifiées dans les enregistrements audiovisuels saisis jeudi dernier dans la villa où résidait l'indélicat étranger lors de son arrestation. Aux enquêteurs de la police, il a fallu une garde à vue de 6 jours des suspects incriminés pour établir la complicité entre l'accusé principal, Jean-Michel, et le reste des inculpés. Parmi ces derniers, 5 gynécologues qui, selon les témoignages de Jean-Michel et des filles victimes de sévices, sont accusés d'avoir procédé à des opérations d'avortement et de réparation d'hymens, ou encore d'avoir établi de faux certificats de virginité. Même le propriétaire et le gardien de la villa faisaient partie du lot des accusés ; les enquêteurs leur reprochent le silence complice. Jusque tard dans l'après-midi d'hier, les présentations se poursuivaient toujours et rien n'a filtré de la première chambre d'instruction, d'autant plus que les greffiers sont en grève.