Un Français, Jean-Michel Baroche, 67 ans, a été placé dans la soirée de mardi à mercredi sous mandat de dépôt par le parquet de Annaba. Quatre autres personnes – dont un gynécologue, Matmati Youssef et non Mahiédine comme cela a été rapporté dans notre édition de jeudi 26 avril (nos excuses au concerné) –, ont été frappées de la même mesure. Cités dans cette affaire, quatre gynécologues ont été placés sous contrôle judiciaire. C'est le magistrat instructeur de la première chambre qui a été désigné pour instruire l'affaire, dont plusieurs zones d'ombre restent à éclaircir. Ils sont accusés, selon des sources judiciaires, de 9 chefs d'inculpation, entre autres production et distribution de films pornographiques, détournement de mineures, incitation à la débauche, viol, avortements, corruption, infraction aux changes (96 000 euros) et détention et consommation de drogue. Les victimes sont au nombre de 18 filles, dont la quasi-totalité est mineure. Elles ont été enrôlées par Jean-Michel Baroche via ses complices pour finir dans son lit, sous le zoom de son caméscope dont les scènes sont destinées à des films pornographiques. QUI EST JEAN-MICHEL BAROCHE ? Ce ressortissant français était venu en mars 2011, depuis la Tunisie, s'installer en Algérie. Grand de taille, cheveux argentés, il se décline en homme d'affaires, et comme conseiller de Edith Cresson, Premier ministre français (PS) de 1991 à 1992. Il se vante sur son blog d'être le fondateur la compagnie aérienne Italian Airline Charter. A Annaba, il se présente en tant que directeur général d'Algerian Development Agency et de l'agence de mannequins Glamour Arabian Talent. Un véritable piège pour les jeunes filles dont l'esprit est plein de rêves. Pour ce faire, il a su soigner son image trompeuse. Il a loué une luxueuse villa, à la cité résidentielle Oued Kouba, qu'il a transformée en lieu de débauche. Généreux, il dépense sans compter. Selon des éléments de l'enquête, il a dépensé plus de 96 000 euros en un mois qu'il a retirés de son compte bancaire de Société Générale. Les opérations de change, Jean-Michel Baroche les effectue au marché parallèle. Selon toujours les mêmes sources, c'est sa sœur qui alimente son compte depuis la France à chaque fois qu'il en émet le souhait. Lors de sa présentation devant le parquet de Annaba, il était vêtu d'un costume gris. Il avait l'air insouciant et répondant souvent par «je ne savais pas». Adepte des orgies arrosées, il préfère les adolescentes de moins de 18 ans. Il n'hésite pas à les saouler, droguer et dépuceler avant de les envoyer le lendemain chez un gynécologue pour réparation de l'hymen en contrepartie de fortes sommes d'argent. Pour s'attirer davantage de victimes, il n'a pas hésité à se convertir à l'islam et se prénommer «Abderrahim». Sa confession a été faite devant un imam et deux témoins, car la direction des affaires religieuses locale a refusé son dossier. DES GYNéCOLOGUES AU SERVICE DE JEAN-MICHEL Dans ce scandale, une partie prenante a été impliquée directement. Il s'agit de cinq médecins spécialistes en gynécologie obstétrique. Ils ont été sollicités à maintes reprises par Jean- Michel Baroche pour procéder à des opérations d'avortement et de réparation de l'hymen. En contrepartie, le sexagénaire français est très généreux avec eux. Pour services rendus, il n'hésite pas à payer d'importantes sommes, parfois en euros. En effet, parmi les séquences vidéo saisies dans le domicile du mis en cause, un film montrant une opération de réparation de l'hymen d'une jeune fille en direct. Ce qui est contraire à la déontologie médicale. SCANDALE EN PLEINE CAMPAGNE ELECTORALE Force est de souligner que ce scandale a fait de l'ombre à la campagne électorale dont l'ambiance est déjà morose à Annaba. Et le parti FLN est la première victime des dégâts collatéraux de cette affaire. L'un des candidats de sa liste locale aux législatives du 10 mai prochain est Saâdni Abdenacer, un des vice-présidents de l'APC de Annaba. Selon son entourage, il était pressenti futur P/APC dans la même ville de par les services qu'il a rendus à l'ex-parti unique. Selon un des enquêteurs, dans l'une des séquences vidéo, cet élu apparut avec Jean-Michel Baroche dans une chambre d'hôtel où ils partagent le même lit avec une mineure. Un coup dur à l'ex-parti unique qui se vantait toujours d'être le parti majoritaire des 12 Assemblées communales de la wilaya de Annaba. Ce qui n'est pas le cas pour les différentes formations politiques islamistes qui, opportunistes à souhait, ont su tirer profit de la situation. Ces derniers jours, elles reviennent aux discours moralisateurs, tentant d'attirer la population mécontente, selon eux, «nous sommes la solution à tous vos problèmes, même ceux relevant des mœurs». Une situation qui a fait réagir Mme Baya Hadad, présidente de l'Association des femmes algériennes pour le développement (AFAD), en s'interrogeant sur l'opportunité du moment pour déclencher ce scandale. «Pourquoi les services de sécurité ont choisi la campagne électorale pour mettre au grand jour ce scandale sexuel ? Cela ne peut qu'aider les islamistes dans leur quête au pouvoir. Bien que je condamne avec les plus fermes propos cette atteinte aux mœurs, notamment aux jeunes filles mineures, mais le moment n'est pas opportun. D'autant plus que ce réseau de malfaiteurs était en filature depuis plusieurs mois par nos services de renseignements», s'interroge-t-elle.