La mise en application de la nouvelle carte sanitaire n'a pas donné les résultats escomptés. Les centres de soins rattachés à l'Etablissement public de santé de proximité (EPSP) de la wilaya de Boumerdès fonctionnent avec des moyens dérisoires. Ce qui fait pâtir énormément dans ce domaine les habitants de la région. La raison est que les moyens mobilisés par les pouvoirs publics après la mise en application de la nouvelle carte sanitaire se sont avérés en deçà des attentes de la population. Preuve en est l'absence au sein de nombreuses polycliniques implantées dans la wilaya de services de radiologie et de maternité notamment. L'exemple de la polyclinique de la commune de Tidjellabine est patent, tant cette dernière est dépourvue des moindres commodités qui puissent répondre un tant soit peu à la demande de prise en charge sanitaire des patients de la localité. Des malades dans la région considèrent que cette infrastructure est «l'exemple type du mal qui ronge notre système sanitaire». «Cette structure de santé n'a rien d'une polyclinique. Tout d'abord elle est très exiguë et ensuite elle ferme ses portes à partir de 16h. Après cette heure ou durant les jours fériés et les week-end, toute urgence potentielle est obligée d'aller jusqu'au chef-lieu de la wilaya pour quêter des soins», s'est plaint un malade, quinquagénaire, rencontré sur place. Le compagnon de ce dernier enchaîne : «Cette polyclinique n'a même pas d'ambulance. Les malades nécessitant des soins d'urgence et approfondis doivent mettre la main à la poche ou utiliser leurs propres moyens, s'ils en ont évidemment». Interrogé, le chef de service de cette structure de santé dira que «l'APC a bénéficié en 2010 d'une enveloppe de 350 millions de centimes sur le budget de wilaya pour l'achat d'une ambulance, mais, pour des raisons que j'ignore, celle-ci n'est pas encore acquise». Pour ce qui est des moyens humains, notre interlocuteur indique que l'établissement fonctionne avec 3 infirmiers, 6 médecins généralistes, un pneumologue, 3 dentistes, 2 psychologues et une sage femme. «Ce sont les moyens matériels qui manquent. Par exemple, on n'a qu'un seul fauteuil dentaire. Certes, les chirurgiens dentistes assurent des consultations et parfois opèrent des extractions, mais jamais de plombage», ajoute-il. Les patients, eux, se disent encore durement pénalisés par l'absence de médecins spécialistes et de services de maternité, de radiologie et d'un laboratoire d'analyses médicales. «Pour une fracture, j'ai été obligé de faire deux radios chez un privé à raison de 2000 DA chacune», relate un autre patient qui se demande à quand le lancement du projet de la nouvelle polyclinique, inscrit au profit de la localité et dont on parle depuis deux ans ? Les services concernés, ajoute-t-il, ont fait un choix de terrain depuis un an, mais les travaux de réalisation ne sont, à ce jour, pas encore entamés, regrette notre interlocuteur. Les mêmes carences sont signalées également au niveau de plusieurs autres polycliniques de la wilaya. Sur les neuf établissements de ce type rattachés à l'EPSP de Boumerdès, cinq ne sont pas dotés de maternité, alors qu'en ce qui concerne les analyses médicales, seules les polycliniques de Beni Amrane et de Thenia disposent de laboratoires pour ce faire. Concernant les gardes, nos sources indiquent que celles-ci ne sont assurées qu'au niveau des polycliniques de Béni Amrane et de Zemmouri. Les autres établissements ferment leurs portes dès 18h, voire à 16h pour certaines, comme celles de Corso, de Souk-El-Had et de Ammal. Le calvaire des malades est ressenti encore plus en milieux ruraux où la couverture sanitaire est quasiment absente. Les habitants des villages de Debagha, Toulmout (Béni-Amrane), et Lamrayel (Tidjellabine), attendent avec impatience la réouverture des salles de soins réalisées au niveau de leurs localités pour en finir avec leurs souffrances. .