Il y aura des départs à l'étranger. Il y a une instabilité chronique dans le secteur (de l'énergie atomique, ndlr).» C'est, en effet, le constat amer d'un chercheur du Centre de recherche nucléaire d'Alger, il explique cet état de fait par «l'échec avéré dans le système de gestion» adopté jusque-là par le Commissariat à l'énergie atomique (Comena). Cette déclaration a été faite, hier, lors d'un énième sit-in devant le siège de cette instance à Alger. Après cinq mois de lutte séparément, les travailleurs du secteur du nucléaire ont mené cette fois-ci une action commune. Les adhérents aux quatre sections syndicales, à savoir celles de la Fédération nationale des travailleurs de l'industrie de l'électricité et du gaz (FNTIEG) et les sections syndicales des chercheurs permanents (SNCP) des centres d'Alger et de Draria, se sont montrés solidaires. Dans une déclaration rendue publique, l'Union des syndicats réclament «la consultation de la version du statut transmise par l'administration du Comena aux autorités concernées». L'Union des syndicats, nouvelle structure syndicale des travailleurs du secteur du nucléaire, appelle à «une concertation réelle et effective» avec l'ensemble des partenaires sociaux. «Que les représentants de toutes les sections syndicales (FNTIEG/UGTA et SNCP/UGTA) soient associés à la discussion, la révision et la rédaction de la version finale du statut», exigent l'union des quatre syndicats. En raison du mutisme du ministère de l'Energie et des Mines, l'Union des syndicats du secteur nucléaire a saisi le Premier ministre dans le but de «garantir un arbitrage pour le règlement de ce litige». Dans une lettre datant du 7 mai, les quatre syndicats appellent à l'instauration «des traditions de dialogue et de concertation, dans le secteur du nucléaire, avec tous les partenaires sociaux, et mettre ainsi en place des mécanismes institutionnels de recours pour le règlement des conflits». Les protestataires, qui insistent sur la primauté de l'activité de la recherche scientifique sur celle de l'administration, réitèrent que leur premier souci n'est pas le salaire. Après cinq mois de lutte, «le personnel est démobilisé, les structures sont bloquées et les projets de recherche sont perturbés», admettent certains protestataires. Les autorités concernées, en l'occurrence le Comena et le ministère de l'Energie, gardent toujours le silence sur ce qui se passe dans le secteur du nucléaire. Ce dernier est-il moins important par rapport aux autres domaines de l'énergie ? Non, répondent les spécialistes du nucléaire. Et de poursuivre : «Le secteur est multidimensionnel. Ses applications s'étendent pratiquement à tous les secteurs : la médecine (la radiologie et l'imagerie médicale), le contrôle des aliments importés et l'environnement d'une manière générale.» «C'est un secteur stratégique pour le pays, mais négligé par les autorités», regrette l'un des chercheurs. «Quand ça bouge du côté de Hassi Messaoud ou de Hassi R'mel, c'est le ministre en personne qui se déplace pour rassurer les travailleurs. Notre secteur est d'une utilité publique, mais il n'est pas rentable», conclut le physicien.