Les ordres médicaux risquent d'être dissous si l'on se réfère à la nouvelle mouture portant la loi sanitaire proposée par le ministère de la Santé. Ce qui affectera sérieusement la protection de la santé publique. Telles sont les appréhensions du président du conseil national de l'Ordre des pharmaciens, Lotfi Benbahmed, lors d'une conférence de presse organisée, hier à Alger, à l'issue de l'assemblée générale annuelle. Laquelle a mandaté le président afin de s'approcher des autorités sanitaires pour plus de concertation et de dialogues sur toutes les décisions ayant trait à l'exercice de la profession. Le conseil de l'Ordre des pharmaciens conteste l'installation de près d'une centaine de pharmacies autorisées par la DSP et non inscrites à l'ordre. «Des autorisations ont été délivrées sans que l'Ordre ne soit associé. Ce n'est pas normal», a-t-il dit. Ainsi, il a été décidé la publication, pour la première fois, du tableau national de l'Ordre qui compte 11 107 pharmaciens d'officine, soit 98% des professionnels. Ce qui constitue une opposabilité légale pour ceux qui ne sont pas inscrits à l'Ordre, dont une centaine de pharmaciens ont été autorisés à s'installer par les DSP sans être inscrits et ainsi que certains universitaires. Il est donc important, pour l'Ordre des pharmaciens, une fois de plus, de demander à être consultés et associés aux décisions prises par les responsables sanitaires. M. Benbahmed évoque l'exemple de la nouvelle loi sanitaire dont les dispositions liées aux ordres médicaux «manifestent un vrai recul pour la déontologie médicale en Algérie. Ces disposions prévues réduisent les missions de l'Ordre pour l'application du code de la déontologie. Ce qui donne moins de pouvoir aux ordres», s'insurge-t-il, en citant l'exemple des lois adoptées en Tunisie et au Maroc qui, au contraire, «renforcent les pouvoirs des ordres médicaux». «Comme il est important de relever que dans cette loi, il n'y a aucune disposition transitoire. Ce qui implique directement une dissolution déguisée des ordres. Il ne sera donc plus possible de faire de recours, plus d'encadrement déontologique et plus d'organe qui s'occupera de la faute professionnelle, d'où aucune protection de la santé publique», a-t-il signalé. Le président du conseil national de l'Ordre des pharmaciens estime également qu'il est temps de mettre à niveau les aspects réglementaires pour encadrer l'exercice pharmaceutique, «car il y a beaucoup de carences». Plusieurs textes sont en attente de publication depuis des mois, en l'occurrence des arrêtés et des lois relatifs aux gardes, aux psychotropes et autre. Le conseil de l'Ordre des pharmaciens demande leur promulgation en urgence afin de mieux encadrer l'exercice pharmaceutique.