Le tabac génère un gain de 70 milliards de dinars à l'Algérie, mais coûte 280 milliards de dinars à la santé publique. Il tue 15 000 personnes par an. De 1992 à 1999, la consommation de tabac a augmenté de 600% en Algérie. La stratégie de l'industrie du tabac cible l'Afrique comme son plus fort potentiel de développement, après que les pays industrialisées eurent promulgué des lois rigoureuses dans le cadre de la lutte antitabac, relève le Pr Hamdi Cherif, spécialiste en épidémiologie au centre hospitalo-universitaire (CHU) Abdennour Saâdna de Sétif. Le parrainage et la publicité directe et indirecte sur le tabac se développent sous toutes leurs formes, avec une prolifération de messages publicitaires ciblant les populations africaines jeunes, a-t-il ajouté. Le spécialiste qualifie cette région de terreau du trafic de cigarettes, qui est constitué en réseaux bien organisés. La publicité a encouragé la consommation des différents types de tabac en Afrique, qui compte 29% de fumeurs et 4% de fumeuses. Selon le résultat de l'enquête mondiale sur le tabagisme chez les jeunes, publiée l'année dernière, 20% des 13-15 ans fument dans le milieu scolaire africain. Le tabac génère un gain de 70 milliards de dinars à l'Algérie mais coûte 280 milliards de dinars à la santé publique, a indiqué le chef du service pneumologie du centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha Pacha, le Pr Salim Nafti, lors d'une conférence au Forum d'El Moudjahid, à la veille de la Journée internationale de lutte contre le tabac (31 mai). Le tabac tue 15 000 personnes/an en Algérie et 3 millions dans les pays occidentaux, précise le Pr Nafti, soulignant que ce nombre est appelé à atteindre les 10 millions dans les prochaines années. La moitié des décès enregistrés en Algérie est due aux maladies respiratoires, dont les deux tiers sont des cancers bronchiques et un tiers est constitué de broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO). Il recommande de passer à la phase répressive dans la lutte antitabac afin de faire face, de manière efficace, à la banalisation de la commercialisation et de la consommation publique du tabac en Algérie, notamment chez les mineurs. Passer à l'étape répressive dans la lutte antitabac exige, selon lui, de revoir l'arsenal juridique existant pour instituer des amendes contre les fumeurs et les vendeurs, en créant les mécanismes nécessaires à l'application de la loi dans ce domaine relevant de la santé publique. «Il est temps d'agir en prévoyant des sanctions et des pénalités contre ceux qui fument dans les lieux publics», a-t-il encore souligné. Pour lui, les actions de sensibilisation de la population contre le tabagisme et ses dangers n'ont donné aucun résultat, quand on sait qu'entre 1992 et 1999 la consommation de tabac a augmenté de 600%, a expliqué le Dr Nafti. «Les lois existent, il faut les appliquer. Nous sommes en harmonie avec toutes les conventions internationales en matière de lutte contre le tabac», a-t-il rappelé.