Si l'on croit Yazid Ouahib, les Verts poursuivent leur préparation en prévision de la rencontre face au Rwanda et notre élite est soumise au régime de deux séances par jour. Ils alternent une séance à Sidi Moussa le matin, et une autre à Blida l'après-midi. Mais l'infirmerie, paraît-il, ne désemplit pas. La cascade de blessures qui a affecté le groupe est-elle une fatalité ? Il fallait s'y attendre et donc s'y préparer. C'est l'évidence même… Et il ne sert pas à grand-chose de se lamenter ni d'accuser. Et il ne sert pas plus de convoquer des joueurs blessés qui ne pourront que gêner coéquipiers et staff au cours du regroupement. Le suivi longitudinal permanent du groupe devrait suffire amplement à éviter certains amalgames. En stage compétitif, le groupe médical de soutien ne devrait porter ses efforts et son attention qu'aux joueurs valides afin d'optimiser leurs performances. Comment définir une blessure du football ? Il s'agit de toute lésion traumatique ou non, avec ou sans contact, liée à la pratique du football, à l'entraînement comme durant les matches. Ce n'est malheureusement pas toujours aussi simple. Faut-il inclure toutes les blessures ou seulement celles qui limitent la performance ? Celles qui nécessitent un traitement médical ou chirurgical ? Un consensus entre experts a fini par être trouvé. Un article fondamental publié simultanément sur le British Journal Sports Médicine, le Clinical Journal Sports Medicine et le Scandinavian Journal Medicine Sciences Sports par mon ami Colin W. Fuller en 2006 sous l'intitulé «Consensus statement on injury definitions and data collection procedures in studies of football injuries» et nous parlons tous maintenant le même langage. Du point de vue épidémiologique, s'agissant du football professionnel, l'étude réalisée en Angleterre, en 2001, par Hawkins et ses collaborateurs, à propos de 91 clubs d'élite, fournit des informations intéressantes à plus d'un titre. Ils rapportent 1.3 blessure par joueur et par saison, 78% des joueurs sont absents pour blessure au moins un match par saison ainsi qu'une moyenne de près de 25 jours d'absence par blessure. 25% des joueurs (un joueur sur quatre) ont «raté» plus d'un mois par saison en raison de blessure ! Du point de vue du siège des lésions, les blessures du football font la part belle aux lésions du membre inférieur. Ainsi, les entorses plus ou moins graves de la cheville, les ruptures partielles ou totales du tendon d'Achille, les lésions méniscaux-ligamentaires du genou, les lésions musculaires du quadriceps (plutôt avec contact) et des ischiojambiers (plutôt sans contact) sont les plus fréquentes. Les causes des blessures varient selon les auteurs. De 9 à 34% pour les lésions dites de surcharge, de surentraînement ou de fatigue ; de 26 à 59% pour les traumatismes sans contact (course, changement de direction, rotations, sauts, mauvaises réceptions, etc.) ; de 41 à 84% pour les lésions liées à un contact (tacles, duels et collision) ; de 12 à 28% jeux dangereux et enfin quelque 20 à 25% de blessures itératives, récurrentes et autres rechutes. Les fameuses pubalgies, véritables «technopathies» du football directement liées à la pratique de ce sport, aux étiologies très diverses, sont loin d'être rares. Il y aurait relativement plus de blessures au cours des phases finales des grands tournois (CM, Euro, CAN) que lors des championnats durant toute une saison. Par rapport au terrain, Il est définitivement établi qu'il n'y a aucune différence en termes de fréquence des blessures, que les matches se jouent sur un gazon naturel bien entretenu ou sur une pelouse artificielle de bonne qualité. Cependant, la grande majorité des études se sont déroulées en Europe, et, très peu, voire pas du tout, de travaux n'ont intéressé l'incidence des blessures dans la pratique du football dans nos régions. Qu'en est-il donc de l'épidémiologie des blessures au sein des compétitions d'une ligue professionnelle africaine ? Nous avons commencé à y répondre par une étude menée avec le docteur Jean-Pierre Bungu sur toute une saison durant le championnat du Congo RDC (Journal de traumatologie du sport 27 (2010) 171-176). Un second programme de recherche a été conçu et lancé par les deux centres médicaux d'excellence de la FIFA à Doha et à Alger, sous l'égide du F-Marc (FIFA – Medical Assessment and Research Center), en collaboration avec les commissions médicales des fédérations ghanéenne, nigériane et qatarie. Qu'en est-il chez nous ? On n'en sait rien, aucun chiffre n'existe ! Et personne ne semble trop s'en soucier. De nombreuses tentatives personnelles de lancer une étude épidémiologique, y compris en collaboration avec les compagnies d'assurances très intéressées, ont été vouées à l'échec ces dernières années, en raison, entre autres, de l'organisation médicale très médiocre de nos clubs. A propos d'assurances, justement, le tout nouveau programme de la FIFA, sur la question de la compensation due aux clubs, en cas de blessures de joueurs durant leur présence avec leur équipe nationale, représente une évolution importante. Le programme s'appliquera au niveau mondial, sous la forme d'une assurance couvrant les joueurs pour tous les matches inscrits au calendrier international du 1er septembre 2012 au 31 décembre 2014 (le Programme de protection des clubs inclut également les rencontres du Tournoi olympique de football, Londres 2012.