Le parti d'Aït Ahmed relève que des «décisions et des mesures politiques attendues depuis la proclamation des résultats des législatives tardent à voir le jour». La situation post-10 mai est «inédite et complexe», estime le FFS dans une déclaration de son secrétariat national rendue publique hier. Pourtant, le parti n'a pas cessé de marteler, durant la campagne électorale, que «le changement passe par les urnes». Le plus vieux parti de l'opposition constate que «des décisions et des mesures politiques attendues depuis la proclamation des résultats des législatives tardent à voir le jour» ! De quelles mesures parle-t-il ? Le FFS, qui a fait de sa participation aux législatives un choix «tactique», dit ne pas savoir «encore si la recomposition politique en cours est de nature à permettre un jeu politique plus ouvert ou, au contraire, à renforcer le statu quo». Y a-t-il du «mouvement» à l'intérieur du sérail pour espérer une recomposition ? Pas si sûr. Les résultats du scrutin législatif ont clairement consacré le statu quo. Les législatives du 10 mai n'ont pas bousculé l'ordre établi. La même configuration politique a été reconduite en maintenant l'hégémonie de la majorité sortante avec le trio FLN, RND et MSP. Par ailleurs, le parti de Hocine Aït Ahmed a jugé «inutile de s'attarder dans la dénonciation répétitive et stérile d'un système de fraude, dont les instruments résident essentiellement en amont : dépolitisation brutale et délibérée de la société sur des années, élaboration de lois électorales sur mesure, contrôle du fichier électoral, dispositif d'encerclement médiatique et d'intimidation de l'électorat, rôle de l'argent sale, partialité de l'administration, orientation du vote des corps constitués…» et «les irrégularités constatées lors du scrutin ne sont pas de nature à changer les résultats fabriqués depuis longtemps». Le parti, qui dit ne pas se faire d'illusion «sur le caractère limité des possibilités de faire aboutir un bouleversement radical», estime tout de même avoir «ouvert une brèche dans le dispositif d'empêchement de la répression politique de la population». Mais une brèche qui «ne saurait constituer l'ensemble des bouleversements de fond que nécessite le démantèlement du régime», admet le parti d'Aït Ahmed. C'est donc ainsi que le FFS semble opter pour une autre méthode de faire de la politique. En lieu et place de «l'éternel bendir (tambour) creux de la dénonciation médiatique», la priorité, pour le FFS, est de «s'atteler à forger les instruments politiques et pacifiques de mise en échec de ce dispositif par la remobilisation de la population et la reprise de confiance dans l'action citoyenne». C'est en ce sens qu'il se dit «ouvert à toute tentative visant à réunir les conditions meilleures pour un rassemblement réel de toutes les énergies décidées à sauver l'Algérie des griffes de la prédation, de la violence, du dépérissement moral et des multiples régressions qui ont proliféré à l'ombre de l'autoritarisme de l'Etat».