Le livre, très bien fouillé, nous ramène à l'époque antique et les influences en méditerranée. L'ouvrage traite des dieux guérisseurs «importés» vers ce côté-ci de la Mare Nostrum par les membres de l'aristocratie locale et provinciale romaine.Nacera Benseddik, historienne du Maghreb antique, épigraphiste et archéologue spécialiste de l'antiquité, a publié Esculape et hygie en Afrique, recherches sur les cultes guérisseurs (Mémoires de l'Académie des Inscriptions et Belles Lettres). Le début du titre pourrait rappeler aux non-spécialistes une chair savoureuse appréciée par les ménages en ces temps de boustifaille. Il n'en est absolument rien. Le livre, très bien fouillé, nous ramène à l'époque antique et les influences en méditerranée. L'ouvrage traite des dieux guérisseurs «importés» vers ce côté-ci de la Mare Nostrum par les membres de l'aristocratie locale et provinciale romaine. «Les influences grecques se propagèrent et, avec elles, l'hellénisation de dieux africains. Lorsque Rome introduisit en Afrique le dieu d'Epidaure, celui-ci, comme nombre d'autres dieux venus d'ailleurs, dut composer avec les divinités autochtones, libyques et punique», signale Benseddik. «A Carthage ou à Lépcis Magna, à Thubursicu Numidarium ou à Lambèse, à Caesarea de Mauritanie enfin, les témoignage de dévotion furent adressés aux dieux guérisseurs de la tradition gréco-romaine, Esculape et Hygie, par les membres de l'aristocratie locale et provinciale, des agents de l'administration impériale ou municipale, des officiers de la III Légion Auguste», relève l'auteur. Quelle a été la réaction des autochtones numides face à cette «invasion culturelle» avant la lettre ? Pour la spécialiste, de larges couches de la population locale ont été indifférentes à l'« apport» des conquérants qui ramenaient sur leurs chars des dieux transfrontaliers. Pour la chercheuse, l'Afrique a tôt fait de «réinventer» les vieux génies guérisseurs et les divinités des sources et de la santé auxquels elle n'avait cessé d'adresser ses suppliques de guérison. Le livre, honoré du prix Paul-Albert Février de l'Université de Provence, est une nourriture de l'esprit malgré son prix «excessif».