Les pouvoirs publics n'ont pas réagi à la grève de la faim illimitée initiée par les travailleurs de la justice depuis maintenant cinq semaines. Même l'opinion publique ne semble pas y prêter attention. L'état de santé des greffiers est très critique. Un des grévistes, en l'occurrence ,le président de la fédération nationale des travailleurs de la justice affiliée au SNAPAP nous a déclaré lorsque nous l'avons rencontré à la Maison des syndicats : « avant tout c'est une grève pour la dignité ».
Car argumente-t-il, ses collègues greffiers ont fait objet de harcèlements, de licenciements et même d'humiliation au lendemain de la grève qui a duré un mois et a paralysé le secteur de la justice.
Par la grève de la faim, les grévistes ont pour but « d'exhiber leur corps vulnérable en symbole de leur situation d'impuissance. S'exposant en victimes, ils cherchent à alerter l'opinion publique et à provoquer une compassion massive capable d'ébranler les autorités et de les contraindre à modifier leurs politiques ».
Mais là encore, la réaction de l'opinion publique demeure limitée et ne risque donc pas d'ébranler les hauts responsables pour les inciter à réagir et ouvrir le dialogue avec les greffiers.
Une grève de la faim constitue elle-même une action de protestation extrême. Voyant cette action presque avortée, d'autres greffiers ont rejoint leurs collègues en tenant un sit-in illimité devant la Maison de la presse en s'enchaînant avec une corde comme pour marquer une ultime action pour se suicider. « Je suis prêt à mourir »nous répète un syndicaliste appartenant aux corps communs de la justice.
Par ailleurs l'encyclopédie en ligne nous renseigne comme pour nous prévenir sur le fait que « cet appel spectaculaire (la grève de la faim) à la conscience populaire n'est guère possible que dans les régimes politiques où l'opinion publique jouit d'un pouvoir réel et pèse sur les décisions des gouvernants ».
Enfin peut-on dire que la grève de la faim des greffiers est passée inaperçue. Si c'est le cas, l'encyclopédie nous enseigne sans trancher que « dans les régimes totalitaires et dans les pays pauvres, on fréquente la faim et on frôle la mort quotidiennement. Une grève de la faim y risquerait de passer inaperçue et ne réussirait pas à provoquer une mobilisation populaire capable de revendiquer des droits bafoués ou de créer des mutations sociales importantes ».
Face à ce silence et cette indifférence, les greffiers meurent à petit feu. Que dira t-on si par malheur un des grévistes venait à perdre la vie?