Le ministère exercerait une pression sur les gestionnaires d'établissement, afin de les contraindre à prendre des décisions disciplinaires à l'encontre des responsables des syndicats autonomes. Le ministre de la Santé, Djamel Ould Abbès, s'attaque aux syndicalistes qui le dérangent. Après le recours à la justice pour invalider les mouvements de grève et le refus de dialoguer, le premier responsable du secteur de la santé recourt, cette fois-ci, à la sanction pour faire taire les représentants des organisations syndicales. Le droit à l'exercice syndical et à la grève devient-il un délit ? Pour les responsables du ministère de la Santé, c'est le cas visiblement. Pour tenter de museler les syndicalistes, Djamel Ould Abbès n'a pas sollicité la justice, comme il avait l'habitude de le faire, mais a choisi une autre manière : la sanction et l'intimidation. Le président du Syndicat national algérien des psychologues (Snapsy), Khaled Keddad, a été le premier à faire les frais de cette mesure. Il vient d'être suspendu de ses fonctions (une sanction du 4e degré) pour avoir abandonné son poste de travail dans la matinée du 29 mai dernier, c'est-à-dire le jour où l'intersyndicale des professionnels de santé publique avait observé un sit-in devant le ministère pour dénoncer «les mensonges du ministre» et décrier «sa mauvaise gestion, notamment par rapport à la question de la pénurie de médicaments». Dans la plateforme de revendications de l'intersyndicale figure, en tête de liste, le respect des libertés syndicales et du droit de grève. «Ould Abbès ne se soucie guère des libertés syndicales qui sont l'âme du syndicalisme. Nous constatons que les syndicalistes ne sont pas protégés», regrette Khaled Keddad qui ne s'attendait pas à une telle sanction qui équivaut à une proposition de licenciement. «Je m'attendais à une sanction du 1er ou 2e degrés et non pas du 4e degré. Cette décision a été prise par le ministre et son secrétaire général. Ce dernier a demandé au directeur de santé publique de Sidi M'hamed et le directeur de santé publique de proximité de me notifier cette décision», explique le syndicaliste. Le département de M. Ould Abbès, affirme une source syndicale, exerce en ce moment une forte pression sur les gestionnaires d'établissement, notamment ceux où travaillent les responsables des différents syndicats autonomes, afin de les contraindre à assumer des décisions disciplinaires à leur encontre et d'empêcher l'activité syndicale. En plus de Khaled Keddad, cinq délégués du SNPSP, le président du syndicat Lyès Merabet ainsi le premier responsable du SNPSSP, Mohamed Yousfi, ont été destinataires de questionnaires pour répondre du même «chef d'inculpation». «Ould Abbès devait adresser également des suspensions aux présidents des syndicats des praticiens et des spécialistes. Il ne l'a pas fait, mais il s'est s'acharné sur le Snapsy», déclare Lyès Merabet. En tout cas, les membres de l'Intersyndicale ne comptent pas se taire sur cette «grave atteinte au droit syndical». «Nous avons osé parler et discuter des insuffisances du secteur de la santé. C'est la seule explication que nous pouvons donner aux mesures prises par la tutelle», dénonce un syndicaliste.