La gauche française, en position d'emporter une majorité absolue à l'Assemblée après le premier tour des législatives, se prononce pour une stratégie de désistement réciproque avec la droite dite de «front républicain» contre le Front national. L'UMP refuse et s'achemine vers un «ni, ni»: ni désistement en faveur du candidat de gauche ni alliance avec le FN. Il reste que des candidats de droite ont déjà fait appel aux voix des électeurs du Front national, à l'instar de l'ex-ministre Nadine Morano. Paris. De notre correspondante L es Français ont dit leur «soutien au changement» et «leur volonté d'amplification» de la victoire de François Hollande, a souligné la première secrétaire du PS, Martine Aubry, et a appelé à «transformer l'essai» au second tour. Réélu dès le premier tour dans sa circonscription de Loire-Atlantique, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a salué ces résultats et a appelé les Français à lui donner dimanche prochain une majorité «large, solide et cohérente» pour que «le changement s'installe dans la durée». Lors d'une déclaration au siège du PS, à Paris, Martine Aubry a prôné le maintien d'un seul candidat de gauche au second tour dimanche prochain. Pour préserver les chances de la gauche, elle a lancé un appel au rassemblement de son camp. «Un seul candidat de gauche, celui arrivé en tête, doit demeurer au second tour», a-t-elle dit. «Je demande aux candidats qui sont devancés par un de nos partenaires à appeler à voter pour eux, comme je demande à nos partenaires de faire la même chose, se désister en notre faveur lorsque cela est le cas». «Pas un siège ne doit tomber à droite du fait des divisions de la gauche», a-t-elle ajouté. Le PS est confronté aussi à plusieurs candidats dissidents qui ont maintenu leur candidature au deuxième tour. Le cas le plus emblématique est celui de la 1re circonscription de Charente-Maritime, où Ségolène Royal, qui brigue la présidence de l'Assemblée nationale, va se retrouver dans un duel fratricide avec un dissident socialiste, Olivier Falorni. Mme Royal a obtenu 32,03% des suffrages contre 28,91% à son challenger. Martine Aubry et plusieurs dirigeants du PS ont appelé le dissident PS, Olivier Falorni, à se retirer du second tour au bénéfice de Ségolène Royal. La première secrétaire du PS a aussi lancé un appel au «désistement républicain» pour faire barrage au Front national. «J'appelle au désistement républicain de manière claire, contrairement à l'UMP, partout où c'est nécessaire, pour faire barrage au Front national», a-t-elle dit. «Comme toujours, il faut en appeler à la mobilisation.» Martine Aubry a répété sur France Inter que son parti maintenait cette position devenue traditionnelle depuis l'appel du PS à voter pour Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 2002 qui l'opposait à Jean-Marie Le Pen. «Nous n'avons pas besoin de réunir le comité politique comme le fait aujourd'hui l'UMP pour prendre une position qui a été toujours la nôtre, le désistement républicain. Nous appelons à faire battre le FN», a-t-elle dit. Et, faisant allusion à la forte abstention de dimanche, «comme toujours aussi, malheureusement, il y a 20% de Français en moins qui vont vers les urnes. Je crois qu'il faut leur dire très clairement, si vous voulez aider le président de la République pour redresser le pays (...) allez voter la semaine prochaine et confortez encore les partis de gauche qui soutiennent sans hésitation le projet du président de la République». L'ambiguïté de l'UMP face au FN Aidé par l'abstention, l'UMP a réussi à limiter la casse. Son secrétaire général, Jean-François Copé, qui devait réunir hier après-midi le bureau politique du parti, a annoncé qu'il n'y aura pas d'alliance pour le deuxième tour avec le Front national. Jean-François Copé n'a toutefois pas levé toute ambiguïté sur l'issue d'un débat qui risque de diviser l'UMP, en passe de perdre de nombreux sièges de députés. Comme elle le redoutait, la droite va sans surprise perdre sa majorité mais devrait garder de 210 à 270 sièges. Par ailleurs, Jean-François Copé a laissé entendre qu'il était très probable que son parti refuse le «Front républicain», c'est-à-dire un vote PS contre le FN. Jean-François Copé a répété, dès dimanche soir, que «partout où nos candidats peuvent se maintenir, ils se maintiendront bien sûr», rejetant toute «alliance» avec le Front national. Mais la position passe mal au niveau local. Jean-François Copé ne désapprouve pas l'appel de l'ex-ministre Nadine Morano aux électeurs du FN dans sa circonscription de Lorraine, même si elle a parlé de «valeurs» communes. «Ce qui compte, ce ne sont pas les mots, ce sont les actes. Chacun sait qu'il n'y a pas d'alliance, mais chacun sait qu'avec Nadine Morano nous avons une personnalité formidable», a-t-il dit.