L'enseignement des législatives n'est pas dans le succès de la gauche qui aura la majorité dimanche prochain. Il est sur un registre autrement plus critique. La droite tournera désormais autour de l'axe de rotation de son extrême : le Front national. Exemple dans le Sud. Lyon. De notre correspondant Dans le sud de la France, de la Drôme jusqu'à l'arc des départements méditerranéens, la reconstitution du paysage politique est en marche au lendemain du premier tour des élections législatives. Si la gauche du président Hollande est en tête, cela ne peut cacher que l'UMP de l'ex-président Sarkozy est doublée sur sa droite par le Front national (FN), qu'on classait jadis dans l'extrême droite et que de plus en plus en nomme uniquement par son appellation officielle, Front national. La fille Le Pen, Marine, a réussi à normaliser le parti. La droite va tâcher de reprendre des forces autour de son extrême, alors que les partis du centre se sont dégonflés comme un ballon de baudruche. Le scénario, dont il faudra étudier les contours après cette séquence électorale, sera le redécoupage à l'américaine de la vie politique française, entre une droite fourre-tout et une gauche déboussolée. Ainsi, dans un premier temps, on observera que si le FN aura très peu de circonscriptions où il se maintiendra en triangulaires (32 circonscriptions), il pèsera lourd même là où il ne sera pas au second tour qui se déroule dimanche prochain. D'autre part, là où le FN est en duel contre la gauche, il y a de fortes présomptions que les électeurs de l'UMP franchissent le pas majoritairement pour se porter sur le candidat frontiste pour faire obstacles à la gauche. En effet, le rideau de salubrité publique contre les idées nauséabondes du FN dans la droite classique a sauté. Entre la droite, quelle qu'elle soit, et la gauche, le choix porte sur la «droite», même la pire. De Jean-François Copé, premier responsable de l'UMP, à beaucoup de têtes pensantes de ce parti jusque-là républicain, on indique clairement qu'on peut sauter la haie et aller s'ébrouer ensemble sur la scène politique extrémiste. Pas de front républicain cotre le Front national, ce sera la nouveauté qu'il faudra examiner à la loupe dimanche prochain après 20h. Dans les départements tests, le Vaucluse est largement dans la zone noire. Le Front national sera présent au second tour dans quatre des cinq circonscriptions du département du Sud, limitrophe des Bouches-du-Rhône. C'est là qu'en 1995, le premier maire d'extrême droite avait été élu sur une liste FN, Jacques Bompard. Toujours à la tête de la mairie, après être passé par diverses étiquettes, il se présentait à la députation sous l'habile étendard de l'union de la droite et du centre. En effet il avait été rejoint comme suppléant par le maire de Piolenc, la plus grosse commune voisine, Louis Driey, jusque-là élu UMP. Ensemble ils arrivent en tête et se retrouveront au second tour face au Parti socialiste. Bompard a de fortes chances de devenir le prochain député car ces anciens amis du Front national qui ne sont pas au second tour totalisent dimanche près de 20% des voix. Dans la circonscription voisine, c'est la candidate FN, la propre petite-fille de Jean-Marie Le Pen, Marion Maréchal, 22 ans, qui est bien placée pour devenir la benjamine de la prochaine Assemblée nationale, en sortant Jean-Michel Ferrand (UMP), élu depuis 1986. En Vaucluse, au total le résultat est saisissant. Si la gauche est en tête (PS-EELV-FDG totalisent plus de 34% des voix), les droites cumulent 26% pour l'UMP et 25% pour le FN, soit 51%. Un cas de figure qui s'aggrave en s'approchant de la mer. Ainsi, le FN sera présent au second tour dans 11 des 16 circonscriptions des Bouches-du-Rhône. Par ailleurs, même si la gauche fait une poussée dans le Var, le Front national recueille toujours en moyenne 20%. Avec des surprises en perspectives dimanche 17 juin.