Ismaïl Haniye, le nouveau Premier ministre palestinien, n'a pas encore réussi à former son gouvernement. Le Hamas, nouvelle version, qui s'apprête à exercer le pouvoir dans les territoires palestiniens, semble bien différent aujourd'hui. Les militants des brigades Ezzeddine Al Qassam, branche militaire du mouvement, étonnent par leur capacité à ne pas répondre aux provocations israéliennes quotidiennes, alors que dans un passé récent ils ne manquaient jamais une occasion de mener des actions armées contre des objectifs israéliens. Y a-t-il vraiment une métamorphose au sein de ce mouvement radical qui lors de sa campagne électorale prônait la résistance armée en plus de la non-reconnaissance d'Israël comme principale stratégie sur le chemin de la libération de la Palestine ? Sans le déclarer ouvertement, éventuellement , afin de ne pas choquer une large couche populaire qui croit en son discours, il est évident que le Hamas d'aujourd'hui est en passe d'opérer des changements énormes sur sa vision. Il cherche à tout prix à former un gouvernement de coalition nationale qui lui permettra plus facilement de nouer des contacts avec la Communauté internationale dont les principaux acteurs refusent catégoriquement de traiter avec lui tant qu'il ne reconnaîtra pas Israël et ne laissera tomber la lutte armée. Le mouvement Fatah, dont plusieurs importantes figures se sont déjà prononcées contre toute participation au nouveau gouvernement, fera connaître sa décision finale aujourd'hui à la suite d'une réunion de son comité révolutionnaire. Tout indique que le Fatah ne fera pas partie de la coalition. Les Fathaouis, dont le programme politique est différent de celui du Hamas, ne semblent pas prêts d'oublier que ce mouvement les a souvent mis dans l'embarras par ses actions armées, surtout les opérations suicides qui coïncidaient souvent avec des étapes avancées du processus de négociations entamé en 1993 avec les Israéliens. L'Autorité palestinienne, dirigée à l'époque par le défunt président Yasser Arafat, avait pris des mesures sévères contre les responsables et les militants de la branche armée du Hamas, ce qui a fait cesser ce genre d'opérations qui n'ont repris que lors de l'Intifadha d'El Aqsa, lorsque Israël a mis tous les Palestiniens dans un même panier et déclare que Arafat n'était plus un partenaire valable dans la recherche d'une solution négociée du conflit. Mahmoud Abbas, président palestinien actuel, élu au suffrage universel, principal instigateur et garant du processus démocratique, couronné par la victoire du Hamas et la défaite de son propre mouvement, le Fatah au pouvoir depuis la mise en place de l'Autorité palestinienne en 1994, suite aux accords d'Oslo de 1993, conclus entre l'OLP et Israël, vient quant à lui d'appeler à donner une chance au vainqueur. « Certains responsables arabes ont dit qu'il faut donner une chance au Hamas. Moi aussi je dis qu'il faut donner une chance au Hamas », a-t-il déclaré. Selon lui, les positions du Hamas « ne peuvent changer de 180 degrés en un mois ». « Les visites effectuées par les responsables du Hamas à l'étranger sont importantes et utiles. Ils vont exposer leur vue et écouter, et cela leur permettra de se faire un avis », a-t-il dit. En tous les cas et même s'il continue de refuser la reconnaissance de l'Etat hébreu, le Hamas dont le langage est soudain devenu plus modéré, revient petit à petit au plafond des revendications palestiniennes prônées par l'OLP et le Fatah, c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien indépendant sur les territoires occupés en 1967 avec la partie est de la ville d'Al Qods comme capitale. En fait, la victoire du Hamas aux élections législatives, qui lui a fait porter la responsabilité de tout un peuple avec tous ses besoins quotidiens difficiles à satisfaire du faite de la situation économique, déjà désastreuse, est en train de forcer ce mouvement radical à plus de pragmatisme et de descendre enfin du haut de son arbre. Le Hamas est en train de se rendre à l'évidence, malgré la partialité de la Communauté internationale en faveur de l'Etat d'israël, il ne peut diriger le peuple palestinien sans un appui conséquent de sa part et qu'il lui faut par conséquent se faire accepter au sein de cette communauté en prônant des solutions au conflit dans le seul cadre de la légitimité internationale. Dans ce cas, il ferait mieux d'intégrer l'OLP, représentant légitime et unique du peuple palestinien, qui lui fournira la couverture idéale pour aller de l'avant.