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AKAMOON au DIMAJAZZ : agréables senteurs orientales et balkaniques
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Publié dans El Watan le 20 - 06 - 2012

Un plat de douceurs. Le groupe de jazz belge, Akamoon, a servi, lundi soir, au théâtre régional de Constantine, sur une table fleurie, une palette de sucreries au cinquième soir du dixième Festival international du Dimajazz.
Constantine
De notre envoyé spécial
Fabrizio Cassol au saxophone alto, Michel Hatzigeoriou à la basse et Stéphane Galland à la batterie ont pris plaisir à présenter au jeune public des compositions tirées de leur dernier album Unison, sorti fin mars 2012 à Bruxelles. Un jazz fluide, gorgé de senteurs orientales et balkaniques, parfumé de modernité rythmique. Les musiciens d'Akamoon, comme tous les jazzmen qui se respectent, n'ont pas résisté à la tentation d'improviser parfois. Sur scène, les trois musiciens agissaient en totale complicité. Cela fait vingt ans que Fabrizio Cassol, Michel Hatzigeoriou et Stéphane Galland jouent ensemble sur les scène du monde. Ils n'ont besoin que des notes musicales pour communiquer, pas besoin de gestuelle ou de langage des signes. Unis comme un seul homme, les trois artistes ont transmis leur joie de dialoguer avec l'harmonie et de partager le savoureux goût du jazz avec le public. La maturité est là, présente. On la capte sans filtre.
«Nous sommes heureux d'être là pour les dix ans du Dimajazz. C'est un festival qu'on suit depuis le début et on était trop impatients de revenir pour jouer ici. Il faut applaudir l'équipe du Dimajazz pour son courage. Courage c'est un peu courir avec la rage. Ils ont dû courir beaucoup pour tenir le festival pendant dix ans. Soutenez le Dimajazz!», a lancé Fabrizio Cassol, à l'adresse du public avant de s'interroger : «Il n'y a personne qui traîne là ?» Leader du groupe, Fabrizio Cassol, 48 ans, diplômé en musique de chambre, a partagé la scène avec plusieurs grands noms de la musique, comme David Linx, Kris Defoort, Oumou Sangare et William Sheller. Fabrizio Cassol, qui a enseigné à l'Académie d'Etterbeek en Belgique, a également composé des musiques pour le théâtre. Né de parents grecs, Michel Hatzigeoriou, 52 ans, a joué au début le bouzouki avant de passer à la basse. Il a pendant longtemps été fan de Jaco Pastorius, celui qui a «révolutionné» le jeu de la basse électrique. Michel Hatzigeoriou a perfectionné son art, soutenu par les maîtres du jazz belge tels que Denis Luxion, Michell Herr ou Steve Houben.
En 1998, il a été élu meilleur bassiste de jazz européen. Il enseigne actuellement au Brussels music conservatory. Akamoon a déjà produit dix-sept albums. Le dernier opus Unison consacre le retour d'Akamoon à la forme d'expression musicale en trio. «Nous avons fait des albums avec beaucoup d'invités et fait plusieurs expériences. Unison est le deuxième qu'on fait en studio en trio. Nous avons produit deux albums en trio live. A Bruxelles, et pendant cinq semaines, nous allons faire une rétrospective de notre musique en invitant des amis avec qui on aime bien jouer», a expliqué à la presse Fabrizio Cassol, après le concert. «Nous avons fait des centaines de concerts. A chaque fois, nous sommes toujours étonnés comme au premier jour», a-t-il ajouté. A Constantine, les musiciens d'Akamoon ont assuré des master class encadrant une quinzaine de jeunes au conservatoire de Constantine.
«Cette initiative est importante. Le Dimajazz a provoqué l'envie pour beaucoup de musiciens de s'exprimer et d'évoluer. Ce n'est pas toujours évident ici d'avoir les informations nécessaires. L'idéal est qu'il y ait des workshops à longueur d'année. Les jeunes musiciens ont une grande énergie. Il manque à ces jeunes la régularité de jouer sur scène. Le grand foyer de l'expérience est la scène», a souligné Fabrizio Cassol. «J'ai beaucoup appris moi-même. Nous avons rencontré un guitariste qui s'appelle Omar, qui compose une belle musique inspirée des grands classiques arabes. Il y injecte des sonorités occidentales. C'est une belle expérience pour moi», a enchaîné Michel Hatzigeoriou. Selon Fabrizio Cassol, il existe un vraie culture musicale chez les jeunes.
«Les musiciens peuvent développer leur propre tradition, apprendre des choses, faire des liens et trouver un espace où expérimenter ce nouveau langage», a-t-il dit. Pour lui, l'Occident doit aller vers l'Orient. Il a expliqué la présence de sonorités orientales dans ses compositions par le souci d'ouverture.«La musique classique arabe vient d'une culture vaste. Elle touche beaucoup d'aspects, le rythme, la mélodie, la poésie, les émotions, la spiritualité», a-t-il dit. Akamoon s'inspire également des traditions musicales africaines, indiennes, cubaines... Fabrizio Cassol a estimé que le Dimajazz a désormais sa place dans l'agenda culturel international. «La preuve, beaucoup d'organisateurs de spectacles et de festivals viennent voir ce qui s'y passe. Le Dimajazz doit être soutenu davantage. Dix ans pour un festival, c'est aussi un passage. Il y a comme une forme d'aboutissement. En même temps, il faut créer une relance», a-t-il souhaité. D'après lui, il n'existe pas une seule scène de jazz en Europe, mais plusieurs en Grande-Bretagne, en Espagne, en France, en Italie. «Mais chaque scène va vers l'autre. Il y a un dialogue. Techniquement parlant, la scène américaine domine par ancienne idée», a-t-il observé.


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