Il n'y a aucune législation en place pour la protection de l'enfant des risques et dangers liés à l'utilisation d'internet. C'est le constat fait par le professeur Khiati, président de la Forem, interrogé hier en marge des travaux de l'atelier régional de l'Union international des télécoms, qui se tient depuis hier au Cyberparc de Sidi Abdellah, à Alger. La promulgation d'une loi pourtant sur la cybercriminalité n'a pas été suivie de mécanismes de protection de l'enfant utilisant l'internet, soutient le professeur Khiati, faisant remarquer que les risques encourus par les enfants surfant sur la Toile sont similaires à ceux dans les pays qui se sont dotés suffisamment de moyens juridiques pour mieux sécuriser l'accès des enfants au web. Les moyens techniques consistant notamment en logiciels de filtrage, bien que «largement disponibles» chez les fournisseurs d'équipements et de services informatiques, restent «insuffisants» en l'absence de textes juridiques à même de définir les actes incriminés et les poursuites à engager. «Nous avons besoin de lois spécifiques pour protéger l'enfant», enchaîne le professeur Khiati en indiquant la complexité de cerner, en chiffres et en cadre temporel, le fléau des agressions subies par les enfants, lors de leur accès à la Toile. Les agressions peuvent être d'ordre moral pouvant dépasser le cadre virtuel et se concrétiser dans la réalité comme les atteintes sexuelles. Etant taboues, ces agressions restent pour la plupart dans l'ombre. Le nombre de personnes poursuivies pour infraction, selon la loi portant sur la cybercriminalité, était de 88 en 2010, contre zéro en 2005, «mais c'est loin de refléter la réalité», selon le même professeur. En 2010, 35 affaires relevant de la cybercriminalité ont été enregistrées, contre une seule en 2005, relève l'expert. Dans son exposé, le président de la Forem revient sur les affaires ayant défrayé la chronique, dont celle d'un ressortissant étranger ayant utilisé, il y a quelques mois à Annaba, des filles mineures pour le tournage de films pornographiques pour les diffuser ensuite sur le web. Ce procédé, visant, semble-t-il, à faire du chantage sur des personnalités publiques, a échoué grâce aux outils juridiques en vigueur, qu'«il est indispensable de développer». Actuellement, les lois existantes sont loin d'accompagner le développement rapide des technologies de l'information dont les criminels se saisissent pour commettre leurs forfaits, expliquent les participants. Le professeurs Khiati, qui met «tous les espoirs» dans le projet de texte en préparation, «qui sera peut-être prêt, l'année prochaine», plaide pour la sensibilisation des parents et des enseignants qui devraient s'impliquer directement pour la protection de l'enfant, à travers les moyens existants, en attendant la maturité du cadre juridique. John Carr, représentant de l'Union des associations caritatives de protection des enfants, a présenté l'expérience du Royaume-Uni dans le domaine de la protection de l'enfant lors de son accès à internet. M. Carr qualifie de «catastrophiques» les dangers guettant les enfants sur la Toile. Blanchiment d'argent, implication dans des transactions illégales de transfert d'armes, arnaques, pédo-pornographie, abus sexuels sont, entre autres, des échantillons énumérés par l'intervenant qui a retracé l'évolution du cadre juridique en Europe allant dans le sens de la protection des mineurs, dès l'expression de l'intention de commettre le délit. Les travaux de l'atelier se poursuivront aujourd'hui. Des communications sur «Les aspects liés à la liberté d'expression et à la protection de la vie privée» et «Protection de l'enfant et préservation de données et commerce en ligne» sont au programme.