L'épidémie de VIH/sida ne cesse de s'étendre. Quelque 40 millions de personnes vivent aujourd'hui avec le VIH. Endiguer cette épidémie reste l'un des problèmes de santé publique les plus pressants dans le monde, a déclaré le Dr Anders Nordström, directeur général par intérim de l'OMS à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale du sida. Il a souligné qu'il y a trois domaines dans lesquels il faut agir, à savoir les moyens financiers, les médicaments et la motivation du personnel. Sur le plan financier, le directeur par intérim a indiqué qu'un peu plus de la moitié de la dernière série de subventions du Fonds mondial – qui se montent à 846 millions de dollars US au total – sera consacrée à la lutte contre le VIH/sida. « Un engagement continu est nécessaire et les ressources doivent être utilisées à bon escient. La responsabilité est un élément important pour ceux qui veulent voir les meilleurs résultats possibles s'agissant du nombre de vies sauvées », a-t-il souligné. A propos des médicaments, le premier responsable de l'OMS affirme que « notre but est d'intensifier l'action internationale afin d'instaurer l'accès universel à la prévention, au traitement, aux soins et aux services de soutien », puisque ces dernières années, le nombre de personnes sous traitement en Afrique subsaharienne a été multiplié par dix. Pour lui, l'exemple de l'Afrique subsaharienne montre aussi qu'il reste beaucoup à faire. « Cette région représente 70% de la demande de traitement encore non satisfaite », a-t-il précisé en ajoutant que « la route est longue encore avant que nous puissions mettre les médicaments à la portée de tous ceux qui en ont besoin. Pour y parvenir, nous devons connaître qui a réellement besoin de soins et d'un traitement ». Le Dr Anders Nordström estime que la surveillance du VIH reste lacunaire dans presque toutes les régions, notamment parmi les groupes marginalisés. Il a fait remarquer que les stratégies de prévention et de traitement de l'infection à VIH permettent difficilement d'atteindre ceux qui sont le plus à risque – les hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes, les professionnels du sexe et les utilisateurs de drogues intraveineuses. Il a rappelé qu'une forte volonté s'est manifestée, à la conférence de Toronto, de répondre aux besoins de celles qui pâtissent le plus de l'épidémie du sida : les femmes et les filles. « Environ 40% des nouvelles infections à VIH surviennent chez des jeunes de 15 à 24 ans. C'est en Asie de l'Est, en Europe orientale et en Asie centrale qu'a été enregistrée la plus forte augmentation du nombre de personnes vivant avec le VIH », a-t-il signalé. Les individus les plus exposés au risque d'infection à VIH ne savent pas toujours comment se protéger et ont rarement accès aux moyens de protection, qu'il s'agisse de préservatifs, d'aiguilles, de seringues propres ou de traitement des infections sexuellement transmissibles. « Dès que les efforts de prévention se relâchent, le nombre d'infections augmente », a-t-il indiqué. La prévention donne des résultats, mais elle doit être axée, selon lui, sur les besoins de ceux qui risquent le plus d'être exposés au VIH et elle doit se maintenir dans le temps. Surtout, ajoute-t-il, que beaucoup de pays manquent cruellement d'agents de santé motivés et qualifiés capables d'assurer des services essentiels. Il a précisé que le plan de l'OMS intitulé « Traiter, former, fidéliser », dont l'objectif est un personnel soignant en bonne santé et bénéficiant du soutien nécessaire, est en train d'être adopté dans 15 pays. Pour le secrétaire général de l'ONU, le sida, qui a déjà tué 25 millions de personnes en 25 ans et qui en a infecté 40 millions d'autres, devient « la pandémie la plus meurtrière dans l'histoire de l'humanité ». Dans un message diffusé à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, l'ONU rappelle que quelque 2,9 millions de personnes sont mortes de maladies liées au sida en 2006 et que le nombre de nouvelles infections s'est élevé cette année à 4,3 millions de personnes. « Les derniers chiffres mondiaux sur le sida nous donnent des raisons d'inquiétude mais aussi de l'espoir », a déclaré Pieter Piot, directeur du Programme commun des Nations unies sur le VIH/sida (Onusida), relevant une prise de conscience plus importante aux dangers de cette maladie ainsi qu'un accroissement des ressources mondiales pour combattre la pandémie. Les responsables onusiens rappellent la tenue, en juin dernier, d'une réunion de haut niveau sur le sida au niveau de l'Assemblée générale qui a permis de mettre l'accent sur « la nécessité d'une riposte durable et exceptionnelle » a ce fléau. L'Assemblée générale avait adopté une résolution engageant la communauté internationale à accroître ses efforts sur la voie de l'accès au traitement et à l'amélioration de la prise en charge des malades surtout dans les pays en développement sévèrement touchés par le virus. « L'épidémie a des effets dévastateurs sur les populations rurales des pays en développement », soutient l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), estimant que les pertes en main-d'œuvre agricole dans des pays où la majeure partie de la population vit en milieu rural devraient handicaper pendant des décennies la productivité et la production de l'agriculture de ces pays ainsi que la sécurité alimentaire de leurs habitants tout en aggravant la pauvreté. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance Unicef a, quant à lui, lancé une campagne télé mondiale en collaboration avec le monde du sport pour attirer l'attention des enfants sur la pandémie.