Une chaîne de mise en bouteilles dans une cave viticole a été fermée à El Amria avec le recours à la force publique par le maire de la commune. Il s'agit d'une cave ouverte, il y a deux années, par le premier vigneron algérien depuis que la viticulture algérienne existe. Le motif invoqué officiellement par le P/ APC a trait à la non-possession d'une autorisation d'exploitation pour une activité classée, le vigneron s'étant doté d'une chaîne de mise en bouteilles pour assurer la commercialisation de son produit. Le plus étonnant dans l'affaire, c'est que la naissance de cette activité essentielle pour la viticulture a été soutenue par les autorités locales qui ont accordé toutes les facilitations administratives. Pour d'aucuns, l'édile aurait dû ne pas agir de manière intempestive et se contenter de signifier une mise en demeure au vigneron avec un délai pour se mettre en conformité avec la réglementation, cela dans la mesure où sa bonne foi n'est pas en cause. Par ailleurs, il y a le risque évident pour la production qui demeure en cuve d'être perdue du fait d'une « éventation » prolongée, ce qui ruinerait le vigneron. En outre, il y a l'intérêt économique pour la collectivité de cette activité qui rapporte énormément au budget de l'Etat et de la commune en particulier. Enfin, dans une zone viticole, El Amria étant la daïra la plus couverte par le vignoble, quel impact aura cette affaire sur les agriculteurs et sur le devenir d'une spéculation dont la réhabilitation a coûté au Trésor public des dizaines de milliards de dinars ? Sollicité à propos de toutes ces interrogations, le maire avoue alors le vrai mobile ayant entraîné la fermeture de la cave. Ce sont les moudjahidine et les enfants de chouhada qui ont rué dans les brancards « en voyant le nom d'un chahid figurer sur l'étiquette de la bouteille de vin. Mais encore pourquoi avoir fait figurer le nom de notre ville sur la bouteille ! Il aurait pu simplement mettre son nom et celui de la cave ». Du côté du vigneron, la réponse est autre : « Mais je suis tenu de faire figurer l'adresse de la cave et ce n'est pas de ma faute si la rue sur laquelle elle donne porte le nom d'un chahid, d'ailleurs tout comme la plupart des rues du pays. » Toujours est-il que le producteur se trouve actuellement bien seul, même si les portes des administrations se sont ouvertes devant lui, en vain. Aucun responsable n'a réagi pour lui obtenir un délai en vue de la délivrance de l'autorisation d'activité, une autorisation que le maire refuse de lui accorder parce que, selon lui, elle relèverait de la wilaya alors que cette dernière refuse du fait qu'au regard des quantités de vin produites, c'est à l'APC de le faire.