Le trophée de la citoyenneté a été remis à Kamel Mouellef, auteur avec le dessinateur Tarek Batist Payen du recueil de bande dessinée Turcos, un hommage aux soldats algériens morts durant les guerres européennes de 1870 et 1914. Lyon De notre correspondant Interrogé sur le sens de ce prix, le Lyonnais nous a déclaré que «cela représente une fierté et un hommage d'être retenu parmi plusieurs candidats pour le trophée de la citoyenneté remis par le groupe du journal Le Progrès et le préfet du Rhône, Alain Marc». Les trophées de la diversité en entreprise, mis en place par Le Progrès et l'université Lyon 3, visent à mettre en valeur des parcours hors du commun. Les autres prix étaient celui de l'insertion, de la responsabilité en entreprise, la solidarité, le dialogue interculturel, le recrutement et l'intégration, l'action internationale et le coup de cœur. Encore ému et heureux de ce trophée valorisant la citoyenneté, qui ouvre de nouvelles perspectives à son travail d'exhumation de la mémoire, il dédie ce prix «à nos anciens combattants venus d'Afrique du Nord et d'Afrique sans pour cela oublier les autres». Aujourd'hui, Kamel Mouellef s'attelle à un ouvrage totalement inédit sur les résistants algériens pendant la Seconde Guerre mondiale, dont personne n'en parle. Aucune publication grand public n'est jamais parue sur ce thème : «Mon travail sur les résistants algériens, nord-africains, africains, avance doucement car nous sommes sur un sujet délicat et il me faut contrôler, vérifier avant de confirmer, cela représente beaucoup de travail et de dépenses, c'est le cas de le dire, en énergie et en argent. Quant à la diffusion de la BD Turcos, cela représente 6000 BD vendues qui, d'après les éditeurs de renom, est un bon score ». Alors que l'Algérie célèbre son cinquantième anniversaire de l'indépendance chèrement acquise, Kamel Mouellef pense «à tous ces morts», et se pose la question s'il n'y avait eu d'autres moyens pour éviter d'en arriver là. «Il est grand temps de demander pardon à tous ces disparus et de créer un trait d'union entre nos deux peuples.» Il y a quelques jours, Kamel Mouellef était l'invité d'une commémoration très particulière et peu habituelle à Manicamp, dans le département de l'Aisne, où l'on rendait hommage aux soldats du 18e régiment des tirailleurs algériens, régiment de réserve, formé en Algérie à la mobilisation de septembre 1939, à El Harrach et Tizi-Ouzou : le 5e régiment des tirailleurs algériens d'active (19e corps d'armée, division d'Alger). Beaucoup d'Algériens musulmans périrent dans les combats de 1940, ou furent faits prisonniers. Le 8 mai 1945, la violence de la répression contre des manifestants, dont certains furent des combattants pour la libération de la France en 1944, précipita la Révolution et l'indépendance finale en 1962.