Ces éléments ont combattu les terroristes pendant de longues années, aux côtés des militaires, des gendarmes et autres corps de sécurité. Ils continuent de le faire pour un salaire ne dépassant pas les 25 000 DA actuellement. Ils ont répondu présent à l'appel de la patrie lorsque le pays était plongé dans le terrorisme et que les sanguinaires semaient la terreur et déclaraient une guerre sans merci à la République. C'est au début de l'année 1994 que des centaines, voire des milliers de personnes avaient répondu favorablement à l'appel de l'Etat. Durant cette période, les forces de sécurité, particulièrement l'armée, étaient chargées notamment d'assurer la sécurité dans les grandes villes. Ils se sont retrouvés confrontés aux attaques terroristes. Bombes, voitures piégées, embuscades... Le pouvoir en place, qui désirait soulager l'armée a décidé de créer ce corps de sécurité dans la précipitation, conjointement avec le ministère de l'Intérieur, nommé garde communale. Dossier à fournir : un extrait de naissance ! Environ 90 000 éléments ont été recrutés comme agent sans préparation et sans égards au niveau de formation. Ces éléments ont combattu pendant de longues années, aux côtés des militaires, des gendarmes et autres corps de sécurité, les groupes terroristes dans les maquis. Et ils continuent de le faire. Pour un salaire ne dépassant pas à cette époque les 11 000 DA – 25 000 DA actuellement –, des centaines parmi eux ont laissé leur vie dans des attentats perpétrés par les terroristes. Après plusieurs années passées au service de la patrie, ces agents se sentent aujourd'hui trahis et oubliés. Sans aucune formation militaire, les éléments de ce corps de sécurité, qui portent l'uniforme bleu, ont été pour la plupart recrutés en contrepartie d'un minable salaire. Une seule pièce à fournir pour faire partie de ce corps : un extrait de naissance, avant de compléter leur dossier après quelques années de service. Placée au départ sous l'autorité des présidents d'APC et des walis, la garde communale intègre par la suite l'autorité militaire. Les agents de la garde communale ne sortaient pas des centres urbains. Les militaires lui ont confié la tâche d'assurer la sécurité des périmètres urbains. Cependant, avec la recrudescence des actes terroristes perpétrés dans les régions montagneuses et autres communes isolées durant cette période, les gardes communaux ont été appelés à participer à des opérations de ratissage, aux côtés des militaires, et à établir également des barrages routiers aux côtés des gendarmes. 4600 agents y ont laissé leur vie Environ 4600 gardes communaux ont trouvé la mort dans des embuscades et autres attentats terroristes commis par les groupes islamistes dans plusieurs régions du pays. C'est le chiffre communiqué par les membres de la Coordination nationale, une organisation née il y a de cela un an pour revendiquer les droits de ces éléments ayant combattu le terrorisme durant plusieurs années. Depuis l'année dernière, les gardes communaux ont initié plusieurs manifestations. Des rassemblements et autres sit-in ont été organisés devant les sièges de wilaya, ponctués par des marches dans la capitale, dont la dernière démonstration, le 9 juillet dernier, où des milliers d'agents ont parcouru des dizaines de kilomètres à pied à partir de Blida. La marche a été réprimée par un impressionnant dispositif de sécurité et s'est soldée même par des blessures sévères d'un agent, Lasfar Saïd, 57 ans, qui, selon le témoignage de ses collègues, a été touché par le jet d'un canon à eau, dont la violence lui a été fatale. Dans leur plateforme de revendications, plusieurs points ont été énumérés, dont un statut de reconnaissance nationale, une hausse des salaires et des indemnités de service avec effet rétroactif à partir de 2008, à l'instar de tous les autres corps de sécurité, explique Chaïb Hakim, coordinateur national de la garde communale. «Nous sommes réduits à de simples agents de la Fonction publique», dit, de son côté, Lahlou Aliouat, un autre délégué. Notons que ce corps de sécurité est placé sous la tutelle du ministère de la Défense nationale selon le décret présidentiel publié le 26 mai 2011 au Journal officiel. Aujourd'hui, ils réclament l'intervention du président de la République, puisque, arguent-ils, «notre affaire relève du ministre de la Défense nationale et c'est M. Bouteflika qui en occupe la fonction».