La tendance à l'occidentalisation du mode de vie des Algériens, l'accès aux chaînes satellitaires et la réduction du temps consacré aux achats au profit du travail conduisent les consommateurs à se rapprocher de la grande distribution. Face à l'évolution de la consommation et des comportements d'achat des Algériens, la grande distribution tisse graduellement son réseau. Son développement vise à répondre à l'une des principales préoccupations des consommateurs : le rapport qualité-prix. En quelques années, des enseignes ont vu le jour : Centre commercial de Bab Ezzouar, hypermarché Ardis, ouvert le 5 juillet dernier, et Numidis, filiale du groupe Cevital. Avec l'accès des Algériens aux véhicules et au développement des transports en commun (métro, tramway), les centres commerciaux sont devenus de plus en plus prisés. Sonae Sierra, spécialiste international des centres commerciaux, vient de faire son entrée sur le marché algérien avec la création de Sierra Cevital, une entreprise de prestation de services dans le secteur des centres commerciaux, comprenant les activités de développement, de gestion et de commercialisation de centres commerciaux. L'objectif principal de Numidis est de devenir leader de la grande distribution en Algérie, de répondre aux attentes des consommateurs en présentant les produits en libre-service dans le respect des règles du marchandising, de proposer des prix compétitifs sur le marché grâce à une politique d'achats centralisée et par la réduction d'intermédiaires. Le Centre commercial de Bab Ezzouar a fait un très bon travail en termes d'ouverture du marché, de communication sur la notion de centre commercial, d'introduction de nouvelles règles non seulement pour les clients, mais aussi pour les locataires. En quelques mois, il est devenu le nouveau lieu branché des Algériens. Ils y vont en famille, en couple ou entre amis pour faire des emplettes, mais aussi pour se restaurer dans un cadre qui invite à l'évasion le temps d'un week-end. Il est devenu aussi un endroit où les marques aiment à s'afficher ou faire dans l'événementiel. Destiné à être un lieu de vie, d'achats et de services, il propose, en plus de ses nombreuses boutiques de mode, un salon de coiffure, une banque et le premier hypermarché d'Algérie ! Tout pour faire du «shopping-plaisir» ! Grandes surfaces et petits commerces Les investisseurs ont identifié clairement les attentes des consommateurs algériens. Globalement, s'ils acceptent de soutenir la production nationale, ils tiennent aussi à trouver les mêmes produits qu'en Europe. Parmi les fondamentaux des surfaces de vente, figurent le confort d'achat et la clarté de l'offre. Les centres commerciaux doivent être agencés en plusieurs univers qui, suivant les déclinaisons des codes couleurs de l'enseigne, facilitent le repérage des familles de produits. Le panier moyen tourne autour de 1500 DA en temps ordinaire et double en période de Ramadhan, par exemple. Ces centres commerciaux ont même fait leur apparition sur l'autoroute Est-Ouest. Uno Relais est déjà opérationnel dans la station-pilote de Relizane et il semble cartonner. Nous avons pu constater qu'il est fréquenté par les automobilistes qui font une halte avant de poursuivre leur chemin vers Oran ou Tlemcen. Après Uno Shopping Center de Bouira, une autre infrastructure a été inaugurée à Aïn Defla. Et pour attirer les clients, un slogan très marketing a été choisi «Tout sous le même toit». Un autre centre commercial du même type est prévu prochainement à Mostaganem. En ce qui concerne le secteur des centres commerciaux, l'Algérie est un marché attractif. Sa population est de 36 millions d'habitants, dont 60% sont âgés de moins de 30 ans, le pays est en net développement économique et son industrie des centres commerciaux présente un fort potentiel de croissance, dans la mesure où la surface brute locative par habitant est relativement faible : 5 m2/1000 habitants par rapport à l'Union européenne, par exemple, où elle est de 226 m2/1000 habitants. Un rapport de force inégal Si le petit commerce continue encore d'être prépondérant, il n'en demeure pas moins que la percée de la grande distribution est inéluctable et les conséquences induites sont non négligeables à différents niveaux de la sphère économique du pays et surtout pour le petit commerce qui sera fortement menacé. Bien que celui-ci reste le mode le plus fréquenté et le plus adapté au pouvoir d'achat et à la culture du consommateur, on remarque des nouveaux signes de changement en faveur des centres commerciaux. La tendance à l'occidentalisation du mode de vie des Algériens, l'accès aux médias étrangers (par les chaînes satellitaires) et la réduction du temps consacré aux achats au profit du travail notamment conduisent les consommateurs à se rapprocher de la grande distribution, du fait des avantages qu'elle procure : concentration de divers produits sur le même lieu, induisant des économies de temps, de la diversité de produits identiques, permettant ainsi aux consommateurs de comparer les prix sans se déplacer. Un sentiment de disponibilité de produits de qualité et un espace d'achat agréable. Les célibataires sont des clients fidèles des centres commerciaux, suivis des ménages avec enfants et les ménages sans enfant qui représentent la moitié de la fréquentation, selon des estimations. Signalons que des projets ont connu un certain succès avant un coup d'arrêt inattendu. Dans ce contexte, on peut citer l'expérience Blanky. Hakim Cherfaoui, le big boss, était issu lui-même d'une famille rompue au commerce et au sens des affaires. Le groupe avait repris l'ancien Monoprix de la rue Ben M'hidi et n'a pas lésiné sur les moyens et le savoir-faire pour offrir aux Algérois une grande surface digne des ambitions de leur ville.