Des abris en roseaux, en paille, en branches d'arbres… sont implantés, depuis jeudi dernier, à Boufarik, à une centaine de mètres du fameux marché de la ville. Au deuxième jour du Ramadhan, ils sont quelque 8000 gardes communaux venus de 38 wilayas à avoir décidé de passer le mois de jeûne loin de chez eux jusqu'à ce que leurs revendications, qu'ils qualifient de légitimes, soient «satisfaites». Bien que les conditions de leur séjour ne soient pas tout à fait correctes, cela ne les a pas empêchés de tenir le cap de leur mouvement de revendication. Bloqués depuis jeudi à Boufarik au moment où ils étaient en marche vers la capitale, ils ne comptent pas baisser les bras. Ils avouent que leurs conditions de séjour, quoique très précaires, sont loin de la misère et de l'insécurité des années 1990. «Comparé à ce qu'on endurait au maquis dans les années 1990, là on est dans un 3 étoiles ! Il y a de l'eau de bonne qualité qu'on ramène d'un forage situé juste à proximité, quelque 2000 repas nous sont acheminés depuis le premier jour du Ramadhan par les riverains et nous avons même installé une cuisine de fortune mais qui nous permet quand même de préparer des plats pour 4000 personnes», affirme Chouaïb Hakim, coordinateur national des gardes communaux, rencontré samedi après-midi sur les lieux. Pour certains, cela fait presque 20 jours qu'ils n'ont pas vu leur famille puisqu'ils étaient en campement au siège de la délégation de la garde communale de Blida. Pour d'autres, plus proches de leur lieu de résidence, ils font régulièrement des sauts pour s'enquérir des famille, mais demeurent engagés et solidaires avec leurs confrères. Les sanctions commencent Un jeune garde communal de Boumerdès, l'air inquiet, assure qu'il a reçu un document officiel lui notifiant sa cessation de salaire. «On a envoyé chez moi une décision de cessation de salaire dûment signée. Donc même ma famille, et surtout mes enfants, sont sanctionnés parce que je participe au sit-in d'el karama avec mes collègues», se désole-t-il. Après la rupture du jeûne, les nuits de ces veilleurs de nuits à la belle étoile, se partagent autour un thé ou un café, à jouer aux dominos ou à déguster de la zlabia de Boufarik, du qalb ellouz ou d'autres friandises que les populations des alentours se font un plaisir à partager avec ces nouveaux venus. D'autres ne ratent pas l'occasion du Ramadhan pour psalmodier des versets du Saint Coran ou faire la prière de Tarawih en plein air. Si l'ambiance, malgré les conditions difficiles, est à la bonne humeur, les appréhensions se profilent dans les yeux des protestataires. «On ne sait pas si on va rester encore deux jours, trois, une semaine ou si on passera la fête de l'Aïd El Fitr là. Mais de toute façon, on ne décampera pas d'ici si une solution digne des sacrifices qu'on a endurés n'est pas trouvée. Pour l'instant, aucun accord ni contact digne de ce nom n'a été noté avec les autorités en place», conclut Chouaib Hakim.