Ces travaux ont été effectués par les occupants des logements du rez-de-chaussée en vue de gagner quelques mètres de plus, mais au détriment de l'espace public censé appartenir à tous les résidants. L'anarchie bat son plein dans plusieurs communes. L'annexion et l'occupation des immeubles sont devenues un phénomène que rien ne semble pouvoir arrêter. Dans plusieurs municipalités, les autorités publiques ferment les yeux au lieu d'intervenir et mettre de l'ordre dans le paysage urbain. A Bourouba, la cité attenante au siège de l'APC offre l'image d'une agglomération évoluant loin de toute autorité. Des immeubles ont été annexés par des extensions en parpaing. Les travaux sont tellement mal faits qu'ils agressent le regard des passants. Ces travaux ont été effectués par les occupants des logements du rez-de-chaussée, en vue de gagner quelques mètres de plus, mais au détriment de l'espace public, devant appartenir à tous les résidants. Pas loin de là, dans la commune de Bachedjarrah, des centaines de baraques côtoyaient les bâtiments coloniaux. Il s'agit de bidonvilles érigés au sein même d'une cité populaire, où vieilles constructions, dont certaines risquent l'effondrement, et baraques de zinc cohabitent étrangement. «Les résidants de ces baraquements sont les enfants du quartier, ils n'ont pas où aller, ils sont trois à quatre familles à occuper un minuscule appartement», nous expliquera un habitant. Quant à l'application de la réglementation, les autorités locales ne semblent pas en faire une priorité. Et pour preuve, «on continue toujours à construire au sein même de cette gigantesque cité, au su et au vu des responsables qui font semblant de ne rien voir», nous dira un commerçant rencontré sur place. Ces dépassements sont également perceptibles en plein centre de la capitale. Des étages entiers ont été édifiés sur les terrasses des bâtiments, à Sidi M'hamed, Alger-Centre, La Casbah et Bab El Oued. L'aspect architectural de ces bâtiments est sérieusement défiguré. Il est toutefois à craindre le pire. En fait, le surpoids de ces nouvelles constructions pèse lourdement sur les terrasses et fait craindre le pire. On croit savoir que les services concernés ne sont jamais intervenus pour dissuader ces citoyens. Confrontés à la crise de logement et en l'absence de solution, des pères de famille et des jeunes voulant se marier ont eu l'idée de construire des appartements anarchiques sur les terrasses, après avoir eu l'accord des habitants des immeubles en question. Aux extensions illégales sur les façades et flancs d'immeubles et la construction sur les terrasses, s'ajoute l'occupation, souvent par la force, des caves d'immeubles. Le nombre des cas se compte par milliers, croit-on savoir. Dans certains quartiers, ce sont des résidants de l'immeuble qui ont décidé de squatter les caves, dans bien d'autres, ce sont des étrangers qui accèdent à ces espaces vides et infects par la force. On croit savoir que des caves ont été vendues dans certaines cités à coups de millions. A la cité Sorecal, dans la commune de Bab Ezzouar, des habitants ont manifesté, récemment, leur colère contre le laisser-aller des responsables quant à ce problème qui devient de plus en plus inquiétant.