L'UGCAA estime que des quantités importantes de farine destinée à la fabrication du pain sont utilisées à d'autres fins, comme la confection de gâteaux ou de la viennoiserie, dont les prix ne sont pas soutenus. Selon l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), la poudre de lait importée par l'Etat dans le cadre des mesures de plafonnement des prix des produits de large consommation attise toutes les convoitises. Cette matière est cédée aux laiteries à des prix soutenus, pour écouler le litre à 25 DA. Se basant sur des informations recueillies auprès des producteurs et se référant aux chiffes communiqués par les services de la police concernant les saisies, l'UGCAA estime que les quantités écoulées, en dehors du circuit convenu dans le cahier des charges et prévu par la réglementation, représentent un quart de celles importées. Pour rappel, les importations de lait de consommation se sont établies à plus de 9436 tonnes durant le premier trimestre de cette année. Certains gérants de laiteries n'hésitent pas à se servir de la poudre destinée à la fabrication du lait en sachet, pour la préparation d'autres dérivés de cet aliment, tels que les yaourts, les fromages et les crèmes glacées dont les prix ne sont pas concernés par le plafonnement pratiqué depuis des années, tandis que d'autres la concèdent en deuxième main à d'autres transformateurs spécialisés dans la production du même type de produits. «C'est ce qui explique en partie la pénurie de lait dans certaines régions», commente le représentant des commerçants. Le détournement se fait aussi au profit de réseaux de la contrebande qui acheminent cette matière vers les pays voisins vivant une certaine instabilité. Pour remédier à ces «fuites» de matières premières, l'UGCAA a formulé une liste de propositions, dont le changement de la politique de l'importation, «en abandonnant le concept de l'importation par l'Etat et en décidant d'une subvention à la consommation qui favorisera un soutien ciblé et moins exposé aux risques de détournement». L'UGCAA fait le même diagnostic concernant la farine importée. Selon M. Boulenouar, porte-parole de cette organisation, des «professionnels de la filière sont pointés du doigt». Des quantités importantes de la farine destinée à la fabrication du pain sont utilisées à d'autres fins, comme la confection de gâteaux ou de la viennoiserie, dont les prix ne sont pas soutenus. Le même organisme, se référant au dernier rapport de la Banque mondiale, prévoit une hausse des prix des matières premières des produits alimentaires de large consommation, comme les céréales ou le soja. L'Algérie, important plus de la moitié de ses besoins alimentaires, subira de plein fouet cette hausse. Selon les prévisions de l'UGCAA, les produits alimentaires enregistreront 20% de hausse à la fin de l'année ou vers le début 2013. Cette hausse concernera les produits dérivés des céréales, le lait et les viandes, dont les prix seront affectés par ceux de l'aliment de bétail. Pour amortir ce «choc», les autorités devraient sérieusement revoir la politique d'importation, en favorisant la production locale.