La vitiviniculture va de mal en pis depuis qu'elle a été abandonnée à la loi du marché. Elle est considérée non prioritaire par le ministère de l'Agriculture pour des raisons plutôt idéologiques qu'économiques. Les toutes prochaines vendanges s'annoncent avec de mauvaises perspectives pour la vitiviniculture, ce qui ne manquera pas d'accentuer le recul qu'elle connaît depuis plusieurs années sous l'effet conjugué de la nature et de l'absence d'attention des pouvoirs publics. En effet, de l'avis même des services agricoles, la production va chuter tant en quantité qu'en qualité. A cet égard, en juillet, accompagnées de sirocco, des chaleurs excessives ont porté un sérieux handicap au vignoble. Par ailleurs, lors du débourrement, moment de l'apparition des premières feuilles et des premières grappes, la grêle avait déjà porté un tout aussi grave préjudice aux promesses de vendanges. Mais, pis, c'est cette année que vont se faire sentir les séquelles du rougeot, une maladie cryptogamique ayant sévi l'année passée. Au bout du compte, on s'attend à une chute de la récolte variant entre 30 et 50% si les fortes chaleurs vont perdurer par rapport à l'année passée, cela de l'avis même des services agricoles. Or, lorsqu'on sait que l'année écoulée, la production moyenne à l'hectare a été de 28q/ha et qu'en deçà de 50q/ha à l'hectare, la vitiviniculture devient ruineuse, il faut s'attendre à de nouveaux arrachages du vignoble par les agriculteurs. Cette situation a commencé depuis que le sort de la vitiviniculture a été abandonné à la loi du marché parce qu'elle est considérée non prioritaire par le ministère de l'Agriculture pour des raisons plutôt idéologiques qu'économiques, cette spéculation connaît d'année en année une régression qui favorise, grâce à cette même loi du marché, une part de plus en plus large à l'importation des vins et des alcools. L'importation en force De la sorte, des centaines d'hectares de vignes de cuve, officiellement plus de 20 000 ha à Témouchent, plantés à coups de centaines de millions de dinars grâce à des fonds publics ont été réduites à 8700 ha selon une estimation de la direction des services agricoles. Ce chiffre est jugé supérieur à ce qui est sur le terrain par les professionnels. Quant aux autres auspices sous lesquels s'annoncent la récolte, il y a lieu de savoir que lors de la traditionnelle rencontre qui regroupe les producteurs de raisin de cuve aux transformateurs à la veille des vendanges, seul l'ONCV s'est présenté, les transformateurs privés s'étaient eux illustrés par leur absence. C'est le signe d'une épreuve de force qui va entraîner le diktat des transformateurs quant à la fixation des prix du quintal de raisin. Cette situation est d'autant paradoxale que ce sont eux qui devraient courir après les producteurs au regard des prévisions de chute de la production. En fait, depuis que, avec la complicité de l'administration, les transformateurs détiennent sous leur main ce qui faisait la force des producteurs, ces derniers sont pieds et poings liés. En effet, les caves qui servaient à faire de la prestation pour les transformateurs ont été louées inexplicablement par la coopérative viticole aux transformateurs privés ! Et comme les producteurs ne forment pas une véritable profession, d'aucuns parient sur la mort programmée de la vitiviniculture algérienne et le renforcement de l'importation des piquettes dont l'Europe ne veut pas.