La chanteuse du style arabo-andalou, Nassima Chabane, a offert un grand moment musical de partage durant plus de deux heures, samedi soir, au palais de la culture Moufdi Zakaria de Kouba. Dans le cadre du cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, la fondation Emir Abdelkader a convié la diva de la chanson arabo-andalouse, Nassima Chabane, à une soirée exceptionnelle, dédiée à l'Emir Abdelkader. La mezzo soprano a concocté un programme musical sacré très structuré et éclectique. Cette soirée a permis d'offrir aux mélomanes avertis un genre musical qui va de pair avec les spécificités du mois de Ramadhan. Cette rencontre conviviale s'est déclinée sous la forme d'un émouvant hymne à l'amour et à la paix universelle, revisitant un millénaire de mystique soufie. Soucieuse de rehausser la qualité du paysage musical algérien et d'aider au rayonnement de la culture algérienne ici et ailleurs, Nassima Chabane a toujours œuvré dans ce sens. Depuis quelques années déjà (2003), l'artiste s'intéresse au travail de mémoire en chantant les poèmes d'un des plus grands maîtres de la spiritualité islamique, l'Emir Abdelkader. Accompagnée de son fidèle orchestre, la chanteuse et musicienne fait son apparition sur scène vers 23h passées, avec à la main son incontournable instrument fétiche, sa «kuitra». Elle salue avec grâce et courtoisie son public, et comme le veut l'usage elle souhaite la bienvenue à ses convives. «Je suis heureuse d'être parmi vous et de vous retrouver. Merci d'être là ce soir pour l'Emir Abdelkader. C'est une belle qaâda qui nous attend», lance-t-elle avec un large sourire. Le programme est étrenné par une petite suite de compositions dans le mode maya. Place ensuite à la déclamation en langue arabe et en langue française de quelques poèmes de l'Emir Abdelkader avant d'être chantés. Le public est emporté dans les airs de la spiritualité dès l'entame de l'intro instrumentale du qanoun, jouée par la virtuose tunisienne Khadidja. La voix cristalline de Nassima prend le relais pour chanter le poème Je suis l'amour et l'aimée. D'autres complaintes seront à l'honneur, dont Ô Leïla que le salut soit sur toi ou encore Ya Sidi Rassoul El Allah, un texte signé par Ibn Rabi, maître spirituel de l'Emir, et une kadiriya (El salet âala sidna Mohamed), ont été entonnées avec ravissement. D'autres célèbres reprises ont été chantées avec beaucoup d'émotion et de nostalgie, à l'image de Ya oumi ya oumi, ismek daymen fi foumi, Noudjoum El Leil (Cheikh El Hasnaoui), Raha el ghali, Hadjert Bladi El Djazaïr, (Nassima Chabane) et Ayafroukh Ifireless de Slimane Azem. La soirée s'est clôrturée par El Hourm y a rassoul El Allah. Nacima Chabane, cette artiste au timbre exceptionnel, confie qu'elle a essayé de mettre en musique les textes de l'éminent Emir Abdelkader. Elle rappelle que l'Emir Abdelkader était un homme d'une grande culture, un géant des arts et des lettres, un humaniste et un poète magnifique. «Je me situe en quelque sorte dans la continuité de son œuvre. Ce qui m'interpelle, c'est sa dimension spirituelle. Il était passionné par les manuscrits rares. J'œuvre pour le faire connaître dans le monde arabe et occidental. Je ne pouvais pas être insensible à sa poésie, je suis une chercheuse, je ne chante pas pour chanter. A travers la musique, je véhicule un dialogue de paix», explique-t-elle. Il est à noter qu'après son escale à Alger, Nassima Chabane se produira ce soir à Béjaïa.