Les pharmaciens d'officines de la wilaya d'Alger ont mis à exécution, à partir d'hier, leur décision de ne plus servir les médicaments aux malades bénéficiaires du système tiers payant. Cette action de protestation a été décidée, la semaine dernière, par le collectif des pharmaciens de la wilaya d'Alger, qui exige de la CNAS leur payement immédiat. Pour les membres de ce collectif, il n'est plus possible pour les pharmaciens conventionnés de continuer à travailler dans ces conditions. « Nous exigeons notre argent de la CNAS. Les clauses de la convention sont pourtant claires. Des pharmaciens n'ont pas été payés depuis décembre 2005 », déplore-t-on. La décision de ne plus servir les médicaments s'impose d'elle-même, signale un pharmacien du secteur d'El Madania, où le mot d'ordre a été suivi. « Nous n'avons plus l'argent nécessaire pour passer nos commandes, d'autant plus que les produits coûtent excessivement cher alors que notre argent est au niveau de la CNAS. Les créances datent de trois mois et elles sont estimées à des millions de dinars. Elles varient entre 2 et 10 millions de dinars », dira un pharmacien au stade d'une asphyxie financière. Abondant dans le même ordre d'idée, une pharmacienne d'Alger-Centre estime qu'il est de leur droit d'exiger leur argent pour pouvoir s'approvisionner. « Nous n'avons encore rien reçu, contrairement à ce qui a été déclaré dans la presse et la radio nationale par la CNAS. Aucun virement n'a été effectué à ce jour. Nos différents appels au dialogue sont restés sans échos. Ils nous ont poussés à recourir à cette action de protestation », dira-t-elle. Et de préciser : « Les malades, nous les connaissons, nous comprennent et nous soutiennent dans notre démarche. Ce n'est pas de gaieté de cœur que nous avons opté pour cette action. Les urgences sont automatiquement prises en charge », a-t-elle souligné. Le président du collectif des pharmaciens d'officines, M. Rezki, juge la situation très critique. Des pharmaciens de la wilaya se voient rejeter des chèques par leurs fournisseurs et des banques. « Ils ne peuvent plus continuer à travailler dans de telles conditions. Nous sommes conscients des problèmes qui peuvent en découler, mais il est important de préciser que c'est la CNAS qui a transgressé en premier la convention, notamment l'article 9. » Pour M. Rezki, il n'y a que la voie du dialogue, à « laquelle nous sommes ouverts », qui peut débloquer cette situation, en faisant référence au cahier des charges qui reste, selon lui, inapplicable sur le terrain. Concernant les déclarations du président du SNAPO, M. Rezki a préféré ne pas entretenir la polémique en disant : « Nous sommes des adultes et nous assumons nos actes. » Par ailleurs, dans une déclaration parvenue à notre rédaction, l'Association pour la défense des assurés sociaux de la wilaya d'Alger (ADAS) rappelle que le tiers payant est un acquis social pour l'assuré social et ses ayants droit. « La sécurité sociale doit humaniser les procédures et promouvoir le contrôle a posteriori, au lieu du contrôle a priori et systématique », note le secrétaire général de l'association. Il considère que face aux complications que vit l'assuré social et les pharmaciens dans l'application quotidienne du tiers payant, l'association des assurés sociaux considère qu'un cadre de concertation sur toutes les décisions concernant les assurés sociaux et leurs ayants droit doit se faire avec la participation de la CNAS, des prescripteurs de soins, des pharmaciens et des représentants des assurés sociaux.