Aucun wali n'est en mesure de livrer avec exactitude le taux de chômage prévalant sur son territoire. Ce « déficit communicationnel », selon Mohamed Saïb Musette, chercheur au Centre de recherches en économie appliquée pour le développement (CREAD), n'est pas sans susciter des inquiétudes. « Comment gérer alors une politique efficace de l'emploi si l'on ne dispose pas d'indicateurs fiables ? », s'interroge l'expert non sans exprimer des questionnements sur les chiffres communiqués par le très officiel ONS (Office national des statistiques). « Je ne mets pas en doute le travail mené par l'ONS portant sur la question du chômage, mais si je m'appuie sur les chiffres donnés par ce même office je ne peux qu'émettre l'interrogation suivante : Y a-t-il un déphasage entre le langage statistique et la réalité du terrain ? », ajoute le chercheur, par ailleurs sociologue et auteur de plusieurs publications. Pour l'expert, l'étude faite par l'ONS, entre septembre 2003 et septembre 2004, comporte inéluctablement des zones d'ombre. En effet, il est fait mention de la disparition de pas moins de 200 000 « entités », entre employeurs et indépendants. « Je ne fais que reprendre la terminologie usitée par l'ONS. Je pense qu'il faut éviter de dire qu'il s'agit là de 200 000 micro-entreprises, car si tel était le cas on serait tenté de multiplier ce chiffre par 5, voire 10, eu égard aux emplois existant dans l'entreprise en question. On se retrouverait donc avec 2 millions de chômeurs en plus, ce qui est loin d'être vrai », argumente-t-il. Que faire alors ? Quelle serait la solution idoine pour pouvoir disposer d'une banque de données crédible ? Pour le chercheur, le rôle de l'Observatoire de l'emploi, organisme sous tutelle du ministère de l'Emploi et de la Solidarité, est à même de redresser la situation. Comme son nom l'indique, cet observatoire est tout indiqué pour passer à la loupe la problématique du chômage. Ayant une dimension nationale, l'Observatoire serait d'un appui incontournable pour assister les collectivités locales. L'urgence étant de s'occuper d'abord des wilayas et pourquoi pas « descendre » encore vers la base, c'est-à-dire la commune.