Le coût excessif des vêtements dans les commerces de prêt-à-porter pousse de nombreux acheteurs vers le marché de la friperie. À 300 et jusqu'à 500 DA seulement pour le t-shirt, le chemisier ou encore la robe et la jupe, la friperie, qui n'attirait que les plus démunis, voit, ces jours-ci, défiler une clientèle un peu moins nécessiteuse. Le coût excessif des vêtements dans les commerces de prêt-à-porter (entre 1500 et 3000 DA pour le t-shirt moyen et beaucoup plus pour le pantalon et les vêtements féminins), pousse de nombreux acheteurs vers le marché de la friperie. «La marchandise n'est plus tout à fait la même mais les clients sont toujours au rendez-vous», explique Hassan, un vendeur. «Quand il y avait la menace de la fermeture, les clients venaient nous voir complètement désespérés. Nous avons des clients fidèles depuis plusieurs années et qui ne peuvent s'habiller que grâce à la friperie !», dit-il. La friperie est le reflet parfait de la triste réalité économique qui se traduit par la baisse du pouvoir d'achat du citoyen algérien. Hommes et femmes y passent des heures entières à trier de grandes quantités de linge entassées pour y dénicher la perle rare, celle qui ne paraît pas friperie et qui ferait l'affaire devant la grande famille le jour de l'Aïd. Les plus taquins l'appellent «Marché Channel». «Avec les dépenses du Ramadhan, l'Aïd et la rentrée scolaire, je ne sais plus où donner de la tête. Je travaille et ma femme aussi dans l'administration publique mais, sans compenser par la friperie, nous sommes incapables d'offrir une tenue complète à nos quatre enfants», raconte Karim. «Moi, je travaille et je n'ai personne à ma charge et si ce n'est la friperie, je me serais ruinée par les boutiques pour vêtements neufs. Ils pratiquent des prix exorbitants», ajoute Amina. Ainsi, faute de toute autre alternative, comme les soldes ou une aide de l'état aux plus démunis, l'habit convenable, pourtant droit humain au même titre que la nourriture et la sécurité, continue à être un luxe. C'est tout un salaire qu'il faudra dépenser pour habiller modestement une petite famille. C'est pourquoi la friperie peut encore espérer de beaux jours.