Je suis heureuse d'être ici avec vous. Malgré les violations des droits de l'homme et les humiliations dont vous êtes victimes, vous êtes restées debout», a lancé Mme Kerry Kennedy devant un parterre de femmes sahraouies, hier, au siège de l'Union nationale des femmes sahraouies (UNFS) dans le camp de réfugiés de Tindouf. Mme Kennedy, présidente de la fondation Robert Kennedy pour la justice et les droits de l'homme, a chaudement salué la résistance des femmes sahraouies. De notre envoyé spécial dans les camps des réfugiés à Tindouf Nous étions dans les territoires occupés où nous avons passé trois journées entières avec Aminatou Haïdar. Elle vous transmet ses chaleureuses salutations et vous dit qu'elle attend impatiemment le jour des retrouvailles. Aminatou Haïdar est une héroïne», a déclaré la présidente de la délégation aux femmes présentes, visiblement émues. Les échanges entre les membres de la délégation américaine et les Sahraouies étaient chaleureux, humains. Et surtout émouvants, lorsque Mme Kennedy a demandé aux femmes de témoigner des violations des droits de l'homme : arrestations, interdiction de visiter leurs familles dans les territoires occupés, victimes des mines antipersonnel, des maris et des fils disparus ou détenus dans les prisons marocaines…. Marselha Gonçalves Margerin, membre de la délégation et directrice du plaidoyer au sein de la fondation, a fondu en larmes. Mme Kennedy leur a promis de consigner toutes les atteintes aux droits de l'homme dans le rapport qu'elle remettra aux Nations unies, à l'Union européenne, à l'Union africaine et aux gouvernements américain, français espagnol et marocain. La secrétaire générale de l'UNFS, Fatma El Mahdi, a évoqué le combat des femmes pour l'égalité au sein de la société sahraouie : «Nous sommes engagées dans le combat du peuple sahraoui pour son indépendance. Nous sommes aussi impliquées dans la construction d'une société où les femmes jouissent des mêmes droits que les hommes. Notre combat est partie intégrante de celui des femmes partout dans le monde.» Et de rappeler l'aspiration des Sahraouis à la liberté et leur attachement à la paix. Mme Kennedy était accompagnée par le fondateur et président d'honneur de l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), le Suisse Eric Sottas, et la présidente de l'organisation Front-line, Mary Lawlor. La délégation avait entamé dès la matinée d'hier une visite dans les camps des réfugiés sahraouis pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme. «Toutes les portes nous étaient ouvertes» Les membres de la délégation, dont la visite s'est déroulée dans une bonne ambiance, se sont entretenus avec les différents acteurs de la société civile. Ils ont rencontré des victimes de la répression marocaine, des activistes sahraouis expulsés des territoires occupés. Ils ont eu des échanges également avec des membres d'ONG telles que l'Association des parents des détenus et disparus sahraouis (Afapredesa) en présence d'avocats et de juges. L' Afapredesa a saisi l'occasion pour exposer aux visiteurs étrangers les différentes violations des droits de l'homme dont sont victimes les Sahraouis dans les territoires occupés. L'Association a recensé 541 disparus, 68 détenus politiques et 151 détenus de guerre que le Maroc refuse de reconnaître. L' Afapredesa, que préside Omar Abdessalam, a évoqué également les champs autour du mur de séparation qui regorgent de mines antipersonnel et présentent une menace permanente pour les populations. L'emblématique militante des droits de l'homme, Kerry Kennedy, a rencontré également des représentants de la Minurso et d'autres ONG internationales qui activent dans les camps des réfugiés, comme Médecins du monde. Les membres de la délégation se sont déplacés dans les camps de réfugiés en toute liberté, sans présence sécuritaire remarquée et en l'absence d'officiels sahraouis. Ils ont pu échanger des propos avec des familles à l'intérieur des tentes, sous une chaleur caniculaire. Ils se sont même rendus dans la prison de droit commun où ils ont pu discuter avec les prisonniers en aparté. «Nous avons pu voir tout ce que nous avons demandé et ce que nous voulions voir, même une prison. La visite s'est déroulée dans d'excellentes conditions», nous a déclaré Eric Sottas, fondateur de l'OMCT. Pour sa part, Marselha Gonçalves Margerin, directrice du plaidoyer au sein de la fondation, s'est dite satisfaite de cette visite dans les camps des réfugiés : «Toutes les portes étaient ouvertes devant nous. Nous avons pu obtenir tout ce que nous avons demandé malgré le manque de temps.» La délégation s'est félicitée de l'organisation de la visite et de la réunion de toutes les conditions qui leur ont permis d'effectuer leur tournée dans les camps. En fin de visite, la délégation a été reçue par le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz. Pour les Sahraouis, la visite de la fondation Kennedy dans les territoires occupés et dans les camps constitue une opportunité pour briser le mur de silence et remettre la question sahraouie sur le devant de la scène internationale, au moment où le gouvernement marocain torpille le processus de négociations en vue d'une solution définitive du dernier cas de colonisation sur le continent africain. La fondation Kennedy compte rendre public un rapport détaillé de sa visite «dans les plus brefs délais», a indiqué Kerry Kennedy, qui dit quitter les camps des réfugiés sahraouis «toute émue».