L'Institut national démocratique (National democratic Institute, NDI) pour les affaires internationales a rendu public hier son rapport sur les élections législatives du 10 mai dernier organisées en Algérie. Cette ONG basée aux Etats-Unis d'Amérique a relevé la «transparence du scrutin». Toutefois, elle n'a pas manqué de soulever des manquements et des défaillances des pouvoirs publics, des partis et des organisations de la société civile. Le manque d'enthousiasme des Algériens envers les élections est fortement souligné. En 60 pages, cette organisation dite non partisane œuvrant pour «les aspirations des peuples dans le monde entier souhaitant vivre dans des sociétés démocratiques au sein desquelles les droits humains fondamentaux sont reconnus et promus», brosse un état des lieux exhaustif non seulement du déroulement de l'élection du 10 mai, mais aussi du processus électoral de l'Algérie (cadre réglementaire et organisationnel). Le NDI avait été invité par les autorités algériennes. L'institut a effectué une mission d'évaluation pré-électorale et d'observation du vote en dépêchant 12 membres. Le projet a été subventionné par le Programme de l'Initiative de partenariat du Moyen-Orient (MepI) du département d'Etat américain. A ce propos, les responsables du NDI ont tenu à préciser que «les opinions exprimées dans ce rapport sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement celles du MepI ou du département d'Etat». Parmi les observations et remarques émises dans le rapport du NDI, on peut citer le manque de clarté sur les rôles des commissions de surveillance et de supervision, des doutes sur l'exactitude des listes électorales et le refus des autorités d'accréditer des observateurs citoyens indépendants. Ce qui a jeté «le doute sur le nouvel esprit de réforme», a tenu à souligner l'ONG. Pour le NDI, de nombreux Algériens sont devenus plus sceptiques au cours du processus et à la transparence de cette élection. Le peu d'enthousiasme des électeurs lors de la campagne électorale, le faible taux de participation (43%), le nombre de bulletins nuls (plus d'un million) reflètent, selon le NDI, la méfiance des Algériens envers les élections. Dans les sites observés par l'institut le jour du scrutin, il a été relevé que l'élection s'est déroulée dans le calme et dans une ambiance relativement paisible, avec le matériel de vote et le personnel nécessaires en place, ajoute également le rapport. S'agissant du taux de participation, le NDI a relevé que dans de nombreuses régions il a été faible, en particulier chez les jeunes électeurs. Cette faiblesse du taux de participation explique selon les observateurs de l'institut le désintérêt des Algériens et le manque de confiance envers les élections. A ce titre, les missionnaires du NDI recommandent une série de réformes pouvant aider dans l'organisation d'une élection plus transparente. Des recommandations qui concernent aussi bien les autorités publiques que les partis politiques et le monde associatif. Des recommandations sont émises à l'égard des médias invités à plus d'impartialité dans le traitement de l'information. Le NDI suggère la mise en place d'une commission électorale indépendante, appuyée par des commissions de surveillance et de supervision permanentes ayant le pouvoir d'examiner et de recommander des améliorations au processus électoral. L'accréditation des observateurs citoyens indépendants pour observer les futurs processus électoraux et l'accès des partis politiques et des citoyens aux fichiers électoraux pour permettre une vérification indépendante et complète des listes font partie de la liste des recommandations. Les partis politiques devraient aussi améliorer la communication avec les jeunes pour promouvoir leur engagement dans le processus électoral en tant qu'électeurs, militants et futurs leaders. Le nouveau cadre électoral n'a pas connu de grands changements d'après l'institut qui mentionne en particulier la représentation proportionnelle (le système du plus fort reste avec des circonscriptions plurinominales). Ce système a profité au FLN, a souligné le NDI rappelant que les nouvelles formations politiques ont recueilli des voix mais pas de siège dans la nouvelle APN. Le NDI a critiqué par ailleurs les mesures de sécurité adoptées par les autorités lors des déplacements des observateurs à l'intérieur du pays. L'institut qui a refusé l'offre d'escorte de sécurité fournie par l'Etat, notamment à Alger, a constaté que les actions des forces de sécurité ont empiété à plusieurs reprises sur les opérations des observateurs. Cela «a pu intimider les personnes que les observateurs ont rencontrées et gêner la capacité des observateurs à recueillir librement les informations. A Constantine, les forces de sécurité ont scrupuleusement photographié et noté les renseignements personnels de chaque visiteur qui est venu à l'hôtel pour rencontrer les observateurs…», mentionne-t-on dans ce rapport.