La famille Guessas crie sa douleur à l'instar des autres familles des diplomates otages. L'annonce de l'exécution, samedi dernier, du vice-consul algérien au Mali par le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), a accentué le désarroi des familles des trois autres diplomates qui sont toujours entre les mains des ravisseurs. Elles craignent le pire pour leurs parents et interpellent l'Etat algérien pour qu'il fasse preuve de plus d'engagement. «L'Etat doit faire quelque chose. Il faut qu'il bouge» a déclaré à El Watan l'épouse du diplomate Guessas Mourad, très éplorée. Du fond du village Beni Hamdoune, (Bouira) à la limite de la commune de Tazmalt, toute la famille Guessas crie sa douleur, à l'instar des autres familles des diplomates otages, elle est sur des charbons ardents. Plus que cela, chaque jour qui passe les plonge un peu plus dans une atroce inquiétude. Les Guessas ne comprennent pas le peu d'engagement des autorités algériennes pour faire libérer les otages. L'interpellation est adressée au président de la République, en personne : «Bouteflika doit faire quelque chose. Je lui demande de sauver ses enfants.» Avec une voix tremblant d'émotion et de colère, Mme Guessas tente de sensibiliser les plus hautes autorités du pays concernant son désarroi et celui des familles des deux autres diplomates ainsi que celle de son époux. Il faut les libérer «Pourquoi ils ont laissé mourir Tahar Touati ? Ils ne vont tout de même pas laisser périr les autres ?» s'alarme-t-elle. «Pourquoi les autres Etats ont réussi dans le passé à libérer leurs otages ?», s'interroge-t-elle, alertant sur l'urgence de l'heure. Le communiqué du Mujao a annoncé, pour rappel, l'exécution du vice-consul Tahar Touati en réponse à la non-satisfaction de l'Algérie aux exigences des ravisseurs, à savoir l'échange des otages contre les membres d'AQMI, arrêtés en Algérie. L'Algérie oppose aussi un refus catégorique à toute demande de payement de rançon. «Ce n'est pas normal ce qui se passe. Il ne s'agit pas d'encourager le terrorisme, mais de sauver des vies humaines. Il y a là un cas exceptionnel. Il faut trouver une solution», interpelle Mme Guessas. Comme les familles des autres diplomates en détention au Mali, dont le consul, les Guessas sont en contact avec la cellule de crise installée au ministère des Affaires étrangères. Des contacts qui ne semblent pas les rassurer suffisamment. Jusqu'au milieu de l'après-midi d'hier, ils ne détenaient de la part du département de Mourad Medelci aucune confirmation de l'information de l'exécution de Tahar Touati.Désarmées face à un enlèvement qui a surpris plus d'un et une exécution qui a choqué les Algériens, les familles des diplomates s'en remettent au chef de l'Etat (qui a sombré dans le mutisme), mais qu'elles espèrent voir réagir. «Nous sommes en état d'alerte. On ne peut plus attendre. Le Président doit bouger», alerte Mme Guessas, se sentant lâchée aussi par la société. «Le peuple doit être debout avec nous», lance-t-elle. Un comité de soutien et de solidarité est en cours de création pour accompagner l'exigence de la libération des diplomates otages.