Plusieurs communes de l'Algérois comptent des marchés informels qui n'ont pas été éradiqués. Des marchés anarchiques subsistent encore, alors que d'autres résistent ou tentent de résister aux opérations coups-de-poing des autorités publiques. Dans la commune de Rouiba, le grand bazar attenant au marché communal est toujours là et les vendeurs continuent d'étaler leurs marchandises. Bien qu'une certaine peur habite ces commerçants par peur d'une intervention improvisée des policiers, le négoce se poursuit et l'affluence des acheteurs n'a pas changé. Dans la commune de Bab El Oued, une partie de l'imposant marché anarchique des Trois horloges a été éradiqué depuis plusieurs jours, mais d'autres sont toujours occupées et carrément interdites à la circulation automobile. Des produits laitiers, poissons, vêtements et autres produits électroménagers y sont exposés. Le nombre de clients, a-t-on constaté, a bizarrement augmenté. «Les gens ont l'habitude de venir ici faire leurs achats. En l'absence de la moitié des commerçants, on se rabat sur les étals encore existants», explique un vendeur, souriant et confiant quant au retour «prochain» de tous les vendeurs. «C'est leur gagne-pain, le gouvernement ne peut pas l'ignorer.» Pas loin, à la place des Martyrs, à la rue de la Lyre et à la rue de Chartres, dans la commune de La Casbah, l'informel est toujours prospère. Les vendeurs ambulants, les étals et autres marchés de proximité se côtoient et continuent d'attirer des milliers de citoyens, principalement des femmes. A Boumati, dans la commune d'El Harrach, la situation ne s'annonce pas de tout repos pour les services de sécurité. On a appris qu'avant-hier une première tentative d'éradiquer le marché anarchique, situé à proximité de la station urbaine, a tout bonnement échoué. Les commerçants n'ont pas cédé et les policiers ont dû faire marche arrière, de crainte d'une confrontation. En fait, le nombre important de commerçants présents dans cet ancien espace anarchique ne facilite pas la tâche aux services de sécurité. A Aïn Benian, il y a quelques jours, l'interdiction du marché informel de la cité Jolie Vue a tourné à l'émeute. Au début de l'été, un marchand ambulant de cette même municipalité s'est immolé par le feu. Après plusieurs jours d'hospitalisation, ce jeune commerçant est décédé. C'est dire le caractère sensible de ces opérations et la lourde tâche des autorités. Ces dernières, faut-il le dire, ont décidé de réagir et remettre de l'ordre dans les rues et places publiques de la capitale assez tardivement, sans daigner trouver des solutions de rechange aux milliers de jeunes et pères de famille au chômage. Pis encore, dans certaines communes, des marchés de proximité flambant neufs sont toujours fermés, d'autres carrément abandonnés par leurs propriétaires en raison de l'absence de commodités et de la concurrence déloyale des vendeurs anarchiques. Aussi, faut-il préciser, l'opération d'éradication de l'informel a été différemment accueillie par les citoyens. Si certains se réjouissent, en mettant en avant les désagréments causés par le bruit, l'insécurité et la saleté générés par les vendeurs, d'autres citoyens ne manquent pas de relever que les produits vendus sur le trottoir «arrangent à merveille les petites bourses en raison de leur prix relativement abordable».