Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique l'a déclaré hier : «Le projet des 12 000 logements ‘‘présidentiels‘‘ au profit des enseignants a été relancé.» Le projet de 12 000 logements au profit des enseignants du supérieur a été relancé grâce à une dotation budgétaire de l'Etat de 4,4 milliards de dinars. C'est ce qu'a déclaré Rachid Haraoubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), lors d'une conférence de presse tenue en marge des travaux de la conférence nationale des recteurs et chefs d'établissements. La rentrée 2012-2013 connaîtra la promotion de huit centres universitaires en universités (Bouira, Khemis Miliana, Ghardaïa, El Oued, Bordj Bou Arréridj, Khenchela, Souk Ahras et El Tarf). A l'occasion, le ministre a souligné que certaines universités, à l'instar de celles de Sétif et de Constantine, ont été restructurées, alors que d'autres sont en cours, à savoir celles d'Oran et de Annaba. Selon les déclarations des responsables du secteur, l'enseignement supérieur en Algérie a connu, cinquante ans après l'indépendance, «une progression remarquable illustrée notamment par le nombre de diplômés universitaires» au nombre de 1 930 000 enregistrés en 2012 contre 63 en 1964. Le MERS s'appuie sur le critère de la quantité pour illustrer la «progression réalisée» dans le secteur. Mais qu'en est-il de la comparaison de la qualité du diplôme de l'université algérienne de 1964 et celui de 2012 ? C'est en tout cas l'un des aspects sur lesquels les responsables au niveau du ministère n'osent pas formuler le moindre commentaire. Le ministre défend le système LMD généralisé à 86%, estimant que cette démarche est inévitable. Il affirme que ce système va donner une meilleure visibilité des diplômes algériens à l'échelle internationale. Pour ce qui est de l'ouverture d'universités privées, M. Haraoubia ne s'y oppose pas, rappelant qu'un cadre juridique existe. Le ministre insiste tout de même sur le respect du cahier des charges. Dans un entretien accordé à l'APS, Abdelhakim Djebrani, sous-directeur du développement et de la prospection au MESRS, a évoqué le développement «en matière d'encadrement et de moyens matériels». Pour sa part, M. Haraoubia a annoncé l'ouverture de 8670 nouveaux postes budgétaires pour le recrutement de maîtres assistants classe B ainsi que la promotion de 484 maîtres de conférences classe A au grade de professeur de l'enseignement supérieur. Pour rappel, l'effectif des enseignants-chercheurs a atteint 45 095 en 2012. En l'espace de 50 ans, l'Algérie a réussi à dépasser toutes les prévisions en matière de réalisation de structures pédagogiques. Après les nombreuses difficultés et le manque de moyens, les places pédagogiques sont aujourd'hui près de 1 100 000, pouvant accueillir plus de 1 320 000 étudiants. Que manque-il alors à l'université algérienne pour lui redonner son rayonnement d'antan ? C'est la question à laquelle les responsables n'ont pas tenté de répondre. Mais les enseignants, qui sont confrontés quotidiennement à la réalité du terrain, dressent un tableau sombre de l'état de l'université algérienne, particulièrement le niveau des étudiants qui relèguent au deuxième rang la critique et la réflexion, l'essence même des études universitaires. Œuvres universitaires Même constat pour les œuvres universitaires. «Le domaine des œuvres universitaires a connu le même développement. Le nombre de résidences universitaires est passé de 11 en 1971 à 103 dans les années 1990 avec une capacité d'accueil de quelque 163 000 lits», ajoute M. Djebrani. Faut-il rappeler que l'explosion de gaz qui s'est produite en mai dernier dans une résidence universitaire de la wilaya de Tlemcen rend compte au moins d'une partie de l'état de dégradation des cités universitaires, du manque d'entretien, mais surtout de la négligence des responsables. Cet accident a, pour rappel, causé la mort de 7 étudiants et une quarantaine de blessés. Mais M. Djebrani s'est attardé uniquement sur le nombre de résidences, qui s'élève cette année à 388 ayant une capacité d'accueil de plus de 562 000 lits.