La célébration, hier, du 52e anniversaire de l'indépendance du Mali, a eu lieu sur fond de crise aiguë. Une cérémonie brève et très simple à Bamako pour commémorer l'indépendance de l'ex-colonie française (1895-1960). Le président par intérim, Dioncouda Traoré, a, pour la circonstance, prôné «la négociation» avec les groupes armés comme moyen de résoudre la crise qui secoue le nord du pays, qui est passé sous le contrôle des islamistes de la branche maghrébine d'Al Qaîda et des groupes Ansar Eddine et Mujao depuis le mois de mars dernier. Le président malien a, d'une part, appelé les groupes armés qui occupent le Nord à entamer «des négociations sincères, dans le respect strict de l'intégrité territoriale et de la laïcité de la République» et, d'autre part, demandé à la nation malienne «l'union sacrée» autour de l'armée, en se présentant comme «le Président d'un pays en guerre». Une libération du Nord par «la négociation ou par la force» : le Président n'a pas tranché. «Puisque nous la préparons, nous ferons la guerre s'il ne nous reste plus d'autre choix», a-t-il déclaré, comme s'il ne s'y était pas du tout résolu. En revanche, le chef de l'Etat malien n'a que très brièvement évoqué la demande formelle d'«appui» qu'il avait adressée à la Cédéao pour le déploiement d'une force africaine. Le Conseil de sécurité de l'ONU s'est dit prêt, vendredi, à examiner «une proposition réaliste» pour le déploiement d'une force panafricaine au Mali. Discorde entre Bamako et la Cédéao Mais il a demandé à la Cédéao d'éclaircir les choses avec Bamako, pour présenter un plan militaire «faisable», qui détaillerait «les objectifs, moyens et modalités» du déploiement d'une telle force régionale au Mali. Bamako et la Cédéao ne se sont pas encore mis d'accord sur une proposition précise à présenter à l'ONU. La Cédéao a demandé à Bamako de revoir sa copie car deux des trois points évoqués posent problème et ne permettent pas un «accomplissement efficace» d'une éventuelle intervention, a expliqué à la presse une source diplomatique ouest-africaine. Pour la Cédéao, si une force africaine était envoyée au Mali, Bamako devrait ainsi «accepter le déploiement d'un minimum d'éléments». Mais le président Traoré a réaffirmé, vendredi soir, que le Mali demandait, pour assurer «la sécurité des institutions de la transition (à Bamako), des équipements et des moyens formulés par l'armée malienne» et refusait «le déploiement de forces de polices constituées et d'unités combattantes de l'armée», «sans objet» selon lui. Concernant l'offre faite par Bamako aux groupes armés du Nord, un responsable local à Gao, ville du nord sous contrôle des djihadistes, a affirmé hier qu'ils «acceptent la main tendue de M. Traoré à une seule condition : que le Mali applique la charia, la loi de Dieu». «Si les gens du Sud (du Mali) veulent la négociation avec l'application de la charia, nous sommes d'accord. Mais si c'est la guerre qu'ils veulent, nous sommes aussi d'accord. Dieu est le plus fort», a ajouté Alioune Touré, ancien chef de la police islamique de Gao, aujourd'hui chargé de la sécurité, côté sud de la ville. A Bamako, le colonel Youssouf Traoré, membre du Front anti-putsch (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République, FDR), a rejeté devant la presse l'option de la négociation. «Ce qu'il faut c'est libérer le pays par la guerre», a-t-il affirmé, demandant à la Cédéao de «laisser les armes bloquées dans les ports de Dakar et Conakry revenir au Mali». Il a par ailleurs évoqué «des perturbations déplorables au sommet de l'Etat».