L'opération de désarmement des gardes communaux pourrait engendrer de graves conséquences. Des centaines d'éléments désarmés continuent, cependant, à assurer la sécurité de leurs périmètres sans aucune arme, a-t-on appris des délégués de la coordination nationale des gardes communaux. A en croire les responsables de plusieurs détachements de diverses wilayas du pays, vu la dégradation de la situation sécuritaire, notamment dans des régions réputées être le fief des groupes terroristes, le risque plane. Comment a-t-on procédé au désarmement des gardes communaux, sans les obliger à quitter leur poste ? Est-il possible pour un agent d'assurer la sécurité d'un lieu sans arme ? Cette mesure inexplicable suscite des questionnements. C'est le cas des éléments du détachement de la garde communale de Sidi Aïssa (wilaya de M'sila), désarmés à la fin juillet dernier, qui ont été appelés à assurer la sécurité d'un autre périmètre, dans la région de Aïn Lahdjal, mais sans arme. Selon les délégués de la coordination nationale de la garde communale, cette opération engagée par le ministre de l'Intérieur pour désarmer les gardes communaux se poursuit toujours. «Ce sont des mesures de sanction, au point d'exposer les éléments au danger terroriste», affirmait un chef de détachement, sous le couvert de l'anonymat, et qui a tenu à souligner que dans un détachement de 20 éléments, seulement cinq sont armés. Notre interlocuteur s'est interrogé également sur la poursuite de cette opération, alors que les conditions sécuritaires se dégradent. C'est le cas de la wilaya de Bouira, qui a enregistré un attentat spectaculaire. Dimanche dernier, vers 16h, deux gardes communaux, dont l'un avait finalisé son dossier de retraite, ont trouvé la mort dans un attentat à la bombe. Les deux victimes sont originaires de la commune de Bordj Okhris, au sud de la wilaya de Bouira. L'engin explosif, selon des sources sécuritaires, était enfoui sous terre à quelques mètres seulement d'un poste avancé dans la localité de Tiliouine, commune de Kadiria. Depuis le début de cette opération entamée en juillet dernier, en vue de la dissolution de ce corp de sécurité, environ 3000 éléments, travaillant dans des détachements dans les wilayas de Béjaïa, Aïn Defla, Médéa, Souk Ahras, M'sila, Blida, Sétif et Bordj Bou Arréridj, ont été désarmés. «C'est pour cette raison que nous avons à chaque fois déclaré qu'il y a un flou total dans la gestion du dossier de la garde communale», dira Aliouat Lahlou, membre de la coordination nationale de la garde communale.