Le manque de carburant est palpable depuis quelques jours dans la bande de Ghaza. Les stations d'essence sont soit vides, soit bondées de véhicules et de citoyens en quête de quelques litres d'essence ou de gasoil. Ghaza (Palestine) De notre correspondant Dépendant entièrement des tunnels de contrebande pour s'approvisionner en différents produits stratégiques, dont le carburant, l'enclave palestinienne a commencé à sentir, sur le terrain, les effets de leur démolition programmée et sans relâche par l'armée égyptienne, qui y voit un danger pour la sécurité nationale. Ce sentiment s'est renforcé après l'assassinat de plus de 16 soldats égyptiens en fin de journée, le Ramadhan passé, près de la frontière palestinienne par des salafistes djihadistes égyptiens, reliés d'une façon ou d'une autre à des groupuscules palestiniens à pensées identiques et animés par les mêmes motivations. Raed Rajab, responsable du comité général des produits pétrolier au sein du gouvernement Hamas, a affirmé que «la destruction des tunnels par l'armée égyptienne a entraîné une baisse conséquente des produits qui y transitent, y compris le carburant dont on remarque le manque d'approvisionnement depuis quelques jours».Depuis l'imposition, en 2006, de l'embargo israélien sur la bande de Ghaza, la population s'est tournée vers le carburant égyptien, qui passe par les tunnels de contrebande et est beaucoup moins cher, et dont elle dépend entièrement actuellement. «On regrette l'ère Moubarak» Il faut souligner que l'ancien régime égyptien de Hosni Moubarak, accusé, surtout par le mouvement Hamas, d'avoir activement participé à l'asphyxie de l'étroite bande côtière palestinienne, n'a jamais entravé le passage par les tunnels, de produits stratégiques et particulièrement le carburant. La destruction des tunnels sans présentation de solution de rechange à l'approvisionnement de la bande de Ghaza en produits stratégiques a envenimé les relations entre le gouvernement du Hamas à Ghaza et le nouveau régime islamiste égyptien dirigé par Mohamed Morsi, qui a fait de la levée de l'embargo israélien imposé sur la bande de Ghaza un des titres majeurs de sa campagne électorale. Le mouvement Hamas semble très déçu par un régime qu'il voyait comme le «sauveur» non seulement de l'enclave palestinienne, mais du mouvement Hamas lui-même qui appartient à la même confrérie des Frères musulmans, dont Morsi était un haut responsable, en l'aidant à sortir de l'isolement international dont il fait l'objet depuis le putsch armé de l'été 2007 qui lui a permis de contrôler, en solo, la bande de Ghaza. Lors d'une récente rencontre au Caire entre Khaled Mechaal, le président du bureau politique du Hamas, et Ra'afat Chihata, le ministre égyptien chargé du Renseignement, la partie égyptienne a réitéré son refus de la création d'une zone de libre-échange à la frontière égypto-palestinienne, préférant qu'un projet d'une telle envergure soit discuté en cas de réconciliation interpalestinienne, mettant fin à un souhait des responsables du gouvernement du Hamas à Ghaza, de voir aboutir un projet sur lequel ils comptaient énormément. L'Autorité palestinienne, présidée par Mahmoud Abbas, est contre le projet de création d'une zone de libre-échange, voyant que cela renforcera la division. On peut croire finalement que la campagne contre les tunnels et le refus de la zone de libre-échange sont les derniers moyens de pression que possède le nouveau régime égyptien pour réussir à ramener le mouvement Hamas sur le terrain de la réconciliation. Si c'est le cas, Mohamed Morsi peut être assuré du soutien de l'ensemble du peuple palestinien.