Le chef de l'Exécutif, Ahmed Ouyahia, s'est dit, hier, exaspéré par le débat en cours sur la convertibilité totale du dinar. Son exaspération est d'autant plus grande, a-t-il souligné, qu'il (ce débat) a été amorcé par un ancien ministre à partir de la Suisse. M. Ouyahia, qui s'exprimait à l'occasion d'une conférence de presse animée à la résidence El Mithaq, a ainsi qualifié ce débat de « malintentionné » et d'« infondé » dans la mesure où les réserves de change engrangées jusque-là ne sont toujours pas suffisantes pour mettre à l'abri le pays financièrement. Le chef du gouvernement a ajouté que la question de la convertibilité totale du dinar - qui relève de la souveraineté nationale - ne sera pas posée tant que l'Algérie ne disposera pas d'une économie performante. « Le niveau record des réserves de change de l'Algérie n'est pas un motif pour siphonner ce matelas de devises en recourant à la convertibilité de la monnaie nationale. Tant que l'Algérie n'a pas une économie qui produit des dollars, à l'exception du secteur des hydrocarbures, toute convertibilité est à exclure », a martelé le chef du gouvernement. Celui-ci insistera aussi sur le fait que l'Etat veillera à ce qu'il n'y ait « pas de convertibilité sous forme de mallettes ». Rappelant les accords signés avec le FMI, M. Ouyahia a précisé en outre qu'aucune organisation financière internationale ne peut imposer à l'Algérie de procéder à la convertibilité totale de sa monnaie. Et de conclure : « La convertibilité dépend du cadre du mouvement des affaires. » L'argent public restera dans les banques publiques Dans le même registre, le chef de l'Exécutif a déclaré que l'Etat ne reviendra également pas sur sa décision de placer l'argent public dans les banques publiques. Il a expliqué que les raisons ayant amené les pouvoirs publics à ne plus solliciter les établissements financiers privés s'expliquent notamment par la faiblesse des prestations qu'ils proposent. A ce propos, il a souligné que le choix du gouvernement de placer l'argent public dans les banques publiques s'est avéré judicieux puisque de plus en plus d'investisseurs s'intéressent à l'opération de privatisation du Crédit populaire algérien (CPA). Abordant le thème de la corruption, le chef du gouvernement a prévenu que l'Etat était bien décidé à moraliser les pratiques dans les sphères économique et financière. M. Ouyahia a déclaré révolue, entre autres, l'ère durant laquelle les gens obtenaient, sans garanties, des crédits se chiffrant à des dizaines de milliards de dinars et faisaient jouer leurs relations ou usaient d'injonctions pour financer leurs projets avec l'argent public. Dans ce contexte, il a précisé que l'Etat commence à se donner les moyens de neutraliser « ceux qui nagent en eaux troubles » (les contrebandiers et autres trafiquants qui ont fait des fortunes colossales durant la crise, ndlr) et que la paix et la stabilité retrouvées n'arrangent pas. A l'occasion, le chef du gouvernement s'en est violemment pris aux lobbies des voitures d'occasion qui continuent à exercer des pressions pour amener le gouvernement à annuler sa décision supprimant l'importation des véhicules de moins de trois ans. « L'Algérie n'est ni une poubelle ni un mouroir. L'Algérie ne reviendra pas sur sa décision, même si cela doit lui coûter sa place à l'OMC », a-t-il averti. Bilans des opérations de privatisation Le total des entreprises et actifs cédés de juin 2003 à fin 2005 est de 238, 124 actifs ont été cédés à des opérateurs privés nationaux 81 actifs ont été cédés à des collectifs de salariés 31 actifs ont été cédés à des partenaires étrangers Indicateurs relatifs aux opérateurs de privatisation : Prix total des cessions : 63,4 milliards de dinars. Total des emplois maintenus : plus de 19 000. Opérations de partenariat : Nombre d'opérations conclues : 37, dont 21 avec des pays européens et 7 avec des pays arabes. Les secteurs concernés sont notamment l'agroalimentaire (12 projets), chimie-pharmacie (5 projets), industrie électronique (4 projets), mines (4 projets), matériaux de construction (3 projets). Indicateurs relatifs aux opérations de partenariat : Total des capitaux de prise de participation : 30,7 milliards de dinars. Total des emplois maintenus : 9857.