Les algériennes d'Abu Dhabi ont réservé mercredi soir à la salle d'Emirates Palace des youyous à la comédienne Chafia Boudraa avant la projection de «Parfums d'Alger» de Rachid Benhadj en compétition officielle du 6 ème Festival international du film. Abu Dhabi De notre envoyé spécial Chafiaa Boudraa est montée sur scène accompagnée de Rym Takoucht au milieu d'applaudissements. Une partie de la communauté algérienne établie aux Emirats arabes Unis a fait le déplacement à la salle de projection de l'hôtel. Le tapis rouge a été déroulé à l'équipe du film. Mustapha Orif, directeur de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), a été également appelé à monter sur scène avec Madani Merabai de Net production. L'AARC et Net production ont produit le nouveau long métrage de Rachid Benhadj. Le directeur du festival, Ali Al Jabri a lui même animé la soirée, débutée avec des chants et danses folkloriques des Emirats Arabes Unis. « Il est important pour nous cinéastes arabes de se reconcentrer, voir de nouveaux pôle. Le festival d'Abu Dhabi est entrain de créer quelque chose de nouveau. Les médias occidentaux attendent de nous une certaine image du monde arabe et du Maghreb. C'est pour cela qu'il est important de créer à travers les festivals une nouvelle dynamique où l'on peut reconstruire notre propre image. Notre rôle en tant qu'artistes est de casser certains clichés et bousculer des choses et des mentalités dans nos sociétés, », a déclaré Rachid Benhadj. Selon lui, l'Algérie a atteint un stade permettant d'établir les premiers bilans. «Des bilans par rapport à notre mémoire. Nos créateurs, réalisateurs, artistes nous travaillons avec une certaine auto censure. C'est de notre faute. On se censure avant que les pouvoirs en place le fassent (...) En faisant le film, je me suis rendu compte qu'on ne connaît pas notre religion. On vit sur l'interprétation des choses. Dans le future, il faut commencer sur notre religion, sans tabous », a appuyé le cinéaste. « Parfums d'Alger » raconte l'histoire de Karima (Monica Guerritore), photographe célèbre installée à Paris, qui a fui un père violent et qui n'est pas rentrée en Algérie depuis vingt ans. Appelée par sa mère (Chafia Boudraa), elle revient à Alger pour découvrir que son frère Mourad (Adel Djafri) est emprisonné pour actes de terrorisme et que son père (Sid Ahmed Agoumi) est dans le coma. Sa belle sœur Samia (Rym Takoucht) porte désormais le hidjab autant que sa petite fille. Le pays a changé, la violence s'est installée, l'extrémisme religieux impose sa loi et ses silences... « Nous sommes secoués. Cela nous rappelle de mauvais souvenirs », nous confie une algérienne installée à Abu Dhabi. Rym Takoucht et Nabila Rezaïg, responsable du département cinéma à l'AARC, n'ont pas caché leurs larmes. Intishal Tamimi, en charge de la programmation arabe au Festival d'Abu Dhabi, a qualifié « Parfums d'Alger », de film excellent. Les intervenants au débat après la projection ont souligné que le long métrage s'intéresse à des questions actuelles. « Harragas Blues » de Moussa Haddad est le deuxième film algérien inscrit en compétition officielle du Festival d'Abu Dhabi. Une rétrospective est consacrée au septième art algérien avec la projection de plusieurs films tels que « L'opium et le bâton » d'Ahmed Rachedi, « Z » de Costa Gavras et « Chroniques des années de braise » de Mohamed Lakhdar Hamina. Dans la section courts métrages, deux jeunes cinéastes algériens sont en compétition, Amine Sidi Boumediène avec « Al Djazira » et Sofia Djama avec« Mollement, un samedi matin ».