Histoire - Le film signé Rachid Benhadj, a été, projeté, jeudi, en avant-première, à la salle Ibn Zeydoun. Coproduit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et Net Diffusion, le film retrace l'histoire – elle se déroule à la fin des années 1990 – d'une photographe algérienne (Karima Bensadji, interprétée par l'Italienne Monica Guerritore) qui a quitté son pays et sa famille pour aller travailler en France. Elle revient vingt ans après et, à travers son regard, toute l'Algérie est représentée. Son retour exhume les senteurs du passé comme «le musc au goût violemment acariâtre». Un voyage vers le passé, les douleurs, les fantômes. Des objets dans la maison ravivent les souvenirs chez Karima qui semble rattrapée par son passé, son pays qu'elle a essayé d'oublier, ce pays, aujourd'hui, plongé dans les violences. Le film est d'abord un drame familial : la mère (Chafia Boudraâ) est loin de la réalité. Elle souffre d'un grand écart générationnel avec sa fille devenue une photographe reconnue en France. Le père (Sid Ahmed Agoumi), acariâtre, violent, repoussant, revendique continuellement «un passé glorieux», le sien, et comme d'ailleurs tous ceux qui ont fait la Révolution. C'est un despote. Il cherche à imposer sa volonté, à dicter sa «loi» à ses deux enfants, Karima (Monica Guerritore) et Mourad (Adel Djafri). Le père représente la rigidité du système, et à ce despotisme patriarcal la voix du fils qui, devenu émir d'un groupe terroriste, admet que les promesses de l'indépendance n'ont pas été tenues, mais trahies. Arrêté, il a été déporté dans les camps du sud. Il y a aussi la fille adoptive, Samia, dont le personnage est incarné par Rym Takoucht, abusée par le père adoptif, donc blessée dans sa chair. Elle est contrainte d'épouser Mourad ; celui-ci prend la responsabilité de taire le déshonneur. Karima va tenter de convaincre son oncle alias, Ahmed Benaïssa de l'aider à libérer son frère qu'elle croit innocent et l'inciter à la repentance. A travers ce drame familial, c'est la tragédie algérienne qui est racontée, son présent fait de manifestations pour la dignité de la femme, représentée par cette jeune militante, en la personne de Adila Bendimerad. Et à travers le personnage d'Adila Bendimerad, Parfums d'Alger se veut d'ailleurs un hommage aux luttes de femmes algériennes pendant les années 1990, que le réalisateur appuiera, en concluant son film, par des images d'archives des manifestations organisées par des femmes à l'époque. Ainsi, le réalisateur livre ainsi sa vision de la situation de l'Algérie en 1998 qu'il lie à un conflit de générations et à un manque de liberté d'expression qui ont conduit à la violence. Parfums d'Alger dont la sortie en salle est prévue dans quelques mois, représentera l'Algérie au Festival d'Abu Dhabi (Emirats arabes), prévu du 11 au 20 octobre, aux côtés de Harraga blues de Moussa Haddad.